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L’Épître de Jacques


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En traitant de cette question dans les versets suivants Jacques fait preuve de cette vigueur et de cette vivacité qui sont tout à fait caractéristiques de son style et qui se manifestent surtout dans les affirmations brusques et énergiques, dans les questions éloquentes et dans l’ironie dont il est maître. Il fournit maintenant quelques exemples, quelques preuves, du principe qu’il a posé dans le chapitre 2 verset 14. Il le premier exemple (versets 15, 16) nous indique que les œuvres auxquelles Jacques pense ne sont ni cérémonials ni ascétiques, mais surtout des œuvres inspirées par la bienveillance et par la miséricorde :

 

« Si un frère ou une sœur sont nus et manquent de la nourriture de chaque jour » :

 

description d’une misère extrême qui nous rappelle l’allusion (verset 2) à l’homme pauvre et misérablement vêtu, A l’époque où Jacques écrivait sa lettre, l’église de Jérusalem subissait fort probablement les premiers effets de la grande famine prédite par Agabus (Actes 11: 27-30). Il se peut bien que Jacques ait été témoin d’une scène telle qu’il décrit ici, et qu’il tire cet exemple de sa propre expérience.

 

« Allez en paix » : bénédiction très répandue parmi les Juifs, dite généralement à quelqu’un dont on avait satisfait les besoins ; notons, par exemple, l’usage faite de cette expression par Jésus dans Luc 7: 48-50 :

 

« Il dit à la femme : Tes péchés sont pardonnés. Ceux qui étaient à table avec lui se mirent à dire en eux-mêmes : Qui est celui-ci qui pardonne même les péchés ? Mais Jésus dit à la femme : Ta foi t’a sauvée, va en paix » ;

 

et de nouveau dans Luc 8: 47,48 :

 

« La femme, se voyant découverte, vint toute tremblante se jeter à ses pieds, et déclara devant tout le peuple pourquoi elle l’avait touché, et comment elle avait été guérie à l’instant. Jésus lui dit : Ma fille, ta foi t’a sauvée ; va en paix ».

 

Dans les circonstances évoquées par Jacques, l’expression ne serait donc qu’une plaisanterie vide de sens, méritant bien sa question ironique : « A quoi cela sert-il ? » On pourrait qualifier une telle attitude de « compassion », mais c’est une compassion morte et sans valeur, manquant la force vivifiante des œuvres charitables ; et, dit Jacques (verset 17) :

 

« Il en est ainsi de la foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est morte en elle-même ».

 

L’apôtre Jean évoque (I Jean 3: 17-19) une situation tout à fait analogue à celle citée par Jacques :

 

« Si quelqu’un possède les biens du monde, et que, voyant son frère dans le besoin, il lui ferme les entrailles, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ? Petits enfants, n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité. Par là nous connaîtrons que nous sommes de la vérité, et nous rassurerons nos cœurs devant lui ».

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Et Paul (Romains 5: 1, 2 ; 6: 1, 2, 19-22) démontre aussi qu’il accepte le principe établi par Jacques:

 

« Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, à qui nous devons d’avoir eu par la foi accès à cette grâce... Que dirons-nous donc ? Demeurerions-nous dans le péché, afin que la grâce abonde ? Loin de là ! Nous qui sommes morts au péché, comment vivrions-nous encore dans le péché ?... De même donc que vous avez livré vos membres comme esclaves à l’impureté et à l’iniquité, pour arriver à l’iniquité, ainsi maintenant livrez vos membres comme esclaves à la justice, pour arriver à la sainteté... Étant affranchis du péché et devenus esclaves de Dieu, vous avez, pour fruit la sainteté et pour fin la vie éternelle ».

 

Arrivé à ce point, Jacques introduit une troisième personne qui fournit deux arguments de plus pour soutenir la thèse de Jacques. Pour signaler la force exacte du verset 18 il faut remplacer le mot « mais » qu’emploie Segond par une expression quelconque comme « en effet » :

 

« [En effet] quelqu’un dira : Toi tu as la foi; et moi, j’ai les œuvres. Montre-moi ta foi sans les œuvres, et moi, je te montrerai la foi (ou plutôt: ma foi) par mes œuvres ».

 

Ce que cette troisième personne veut indiquer par son appel, c’est qu’une foi véritable et vivante doit montrer sa présence et sa vitalité par des œuvres qui en sont, en effet, le fruit. Notons en passant que Jacques ne nie point la nécessité absolue de la foi ; seulement, il insiste que la foi qui est valable devant Dieu, la foi qui peut nous sauver, est quelque chose de vivace, d’actif, produisant de bons fruits — précisément ce que dit aussi Jésus (Matthieu 7: 19, 20) :

 

« Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. C’est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez ».

 

Écoutons aussi Paul, qui parle (Galates 5: 6) de :

 

« La foi qui est agissante par l’amour ».

 

Le troisième personnage dans l’argument de Jacques soutient que ses propres œuvres sont le témoignage de quelque chose de supérieur aux œuvres, témoignage d’une foi et d’une confiance en Dieu très réelles et vivaces ; sans œuvres, la foi n’est rien moins qu’une acceptation formelle de dogmes religieux. Il développe sa thèse en présentant un autre argument (verset 19) :

 

« Tu crois qu’il y a un seul Dieu, tu fais bien ; les démons le croient aussi, et ils tremblent ».

 

« Un seul Dieu » : voilà le premier article de la religion juive, énoncé dans Deutéronome 6: 4 :

 

« Écoute, Israël ! l’Éternel, notre Dieu, est le seul Éternel »,

 

répété deux ou trois fois par jour par tout Juif pieux; et murmuré par le Juif mourant pour assurer son salut étemel. Cette vérité est pour le chrétien aussi la base de sa foi :

 

« Jésus répondit : Voici le premier [commandement] : Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l’unique Seigneur » (Marc 12: 29) ;

 

« Pour nous, il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et pour qui nous sommes » (1 Corinthiens 8: 6) ;

 

« Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, et parmi tous, et en tous » (Éphésiens 4: 5, 6).

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Il est donc tout à fait naturel que Jacques, voulant démontrer la différence entre une foi factice et une foi réelle, renvoie à ce commandement.

 

« Tu crois qu’il y a un seul Dieu, tu fais bien », dit Jacques, avec la même ironie qu’il a montrée en faisant usage de cette expression dans le verset 8. « Mais sachez que les démons le croient aussi ! et pour eux cette croyance n’est point la source de paix et de salut, mais seulement d’un grand tremblement ! » Il songe sans doute à certains des miracles de Jésus où il était question de guérir des démoniaques ; souvent, au cours de la guérison, les « démons » se sont écriés en reconnaissant avec des tremblements le pouvoir de Dieu qui les chassait (voir, par exemple, Matthieu 8: 29 ; Marc 5: 7 ; Luc 4: 41). Ainsi Jacques fait voir, par la troisième personne dans son argument, qu’il y a une sorte de foi qui n’existe que dans un état mort, et que cette « foi » n’a aucun rapport avec la vie éternelle : elle a la même relation avec la foi réelle et valable que le cadavre d’un homme avec l’homme lui-même, vivant et actif ; elle est « morte en elle-même »,

 

Dans le verset 20 Jacques reprend lui-même son argument et pose la question :

 

« Veux-tu savoir, ô homme vain, que la foi sans les œuvres est inutile ? » (ou plutôt « stérile » ).

 

« Veux-tu savoir » : c’est-à-dire, « Veux-tu savoir autoritairement et sans possibilité de doute ? ». Et Jacques avance maintenant la preuve finale et définitive que la vraie foi se montre dans les œuvres : la preuve que ni Juif ni chrétien ne peuvent nier, la preuve de l’Écriture elle-même. L’Écriture nous fait voir formellement que « la foi sans les œuvres est stérile » — stérile, c’est-à-dire à l’égard de notre salut : la foi qui ne produit pas d’œuvres ne produit pas non plus le salut. Jacques cite d’abord le cas d’Abraham pour prouver sa thèse :

 

« Abraham, notre père, ne fut-il pas justifié par les œuvres, lorsqu’il offrit son fils Isaac sur l’autel ? » (verset 21).

 

L’exemple d’Abraham était à la fois le mieux connu et le plus revêtu d’autorité que Jacques pût choisir. Comme Jacques l’indique, il était le père de la nation juive (« notre père » — expression qui fait voir l’origine juive des chrétiens à qui Jacques écrivait) ; c’est à lui que Dieu avait fait les plus grandes et les plus précieuses promesses sur lesquelles l’espérance d’Israël était basée. La foi et les expériences d’Abraham étaient beaucoup discutées par les rabbins, et il est tout à fait naturel que Jacques (ainsi que Jésus — Jean 8, et Paul — Romains 4, Galates 3, Hébreux 6 et 11) le choisisse pour prouver sa thèse.

 

Abraham fut « justifie » : mot qui signifie en général dans l’Écriture, absous, ou bien, compté juste. Du publicain qui se frappait la poitrine en disant : « O Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur », Jésus a dit : « Celui-ci descendit dans sa maison justifié (compté juste) plutôt que l’autre » (Luc 18: 13, 14). Nul homme n’est juste en lui-même : « Il n’y a point de juste, pas même un seul » (Romains 3: 10) ; mais par l’opération de la grâce de Dieu un homme peut être regardé comme juste à cause de son attitude envers Dieu, selon qu’il est écrit (Psaume 32: 1, 2) :

 

« Heureux celui à qui la transgression est remise,

A qui le péché est pardonné !

Heureux l’homme à qui l’Éternel n’impute pas l’iniquité » ;

 

et aussi (Romains 3: 23, 24) :

 

« Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ » .

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Et pourtant Jacques nous dit qu’Abraham fut « justifié par les œuvres, lorsqu’il offrit son fils Isaac sur l’autel ».

 

Ici il faut consulter deux passages de la Genèse où il est question de la justice d’Abraham. D’abord, dans Genèse 15: 3-6, nous lisons :

 

« Et Abram dit : Voici, tu ne m’as pas donné de postérité, et celui qui est né dans ma maison sera mon héritier. Alors la parole de l’Éternel lui fut adressée ainsi : Ce n’est pas lui qui sera ton héritier, mais c’est celui qui sortira de tes entrailles qui sera ton héritier. Et après l’avoir conduit dehors, il dit : Regarde vers le ciel, et compte les étoiles, si tu peux les compter. Et il lui dit : Telle sera Ta postérité. Abram eut confiance en l’Éternel, qui le lui imputa à justice ».

 

Plus tard, dans Genèse 22: 1, 2, l’Écriture nous dit qu’après la naissance d’Isaac, l’enfant de la promesse de Genèse 15,

 

« Dieu mit Abraham à l’épreuve... Dieu dit : Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac ; va-t’en au pays de Morija, et là offre-le en holocauste sur l’une des montagnes que je te dirai ».

 

Abraham obéit, et au moment où il étendait la main pour tuer son fils, l’ange de l’Éternel l’arrêta, disant (versets 12, 16-18) :

 

« N’avance pas la main sur l’enfant, et ne lui fais rien ; car je sais maintenant que tu crains Dieu, et que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique... Je le jure par moi-même, parole de l’Éternel ! parce que tu as fait cela, et que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, je te bénirai et je multiplierai la postérité, comme les étoiles du ciel et comme le sable qui est sur le bord de la mer ; et ta postérité possédera la porte de ses ennemis. Toutes les nations de la terre seront bénies en ta postérité, parce que tu as obéi à ma voix ».

 

Constatons maintenant que dans Genèse 15 c’est par sa foi dans les promesses de Dieu qu’Abraham est justifié ; dans Genèse 22 il est justifié et béni à cause de son obéissance au commandement de Dieu. Mais il n’y a aucune contradiction entre les deux incidents : la foi de Genèse 15 est une pleine confiance en Dieu qui se montrera dans les œuvres quand en viendra l’occasion ; les œuvres de Genèse 22 procèdent de cette même confiance en Dieu — seulement il y a un changement d’accent, et dans Genèse 15 c’est plutôt la foi qui est à remarquer, tout autant que dans Genèse 22 ce sont les œuvres. Dans son commentaire sur cet incident Jacques ne nie point la foi d’Abraham, mais il tient de nouveau à signaler le caractère vivant et actif de sa foi (Jacques 2:22) :

 

« Tu vois que la foi agissait avec ses œuvres, et que par les œuvres la foi fut rendue parfaite ».

 

Dans le grec il y a un contraste entre l’expression « sans les œuvres » du verset 20 et l’expression « avec ses œuvres » du verset 22.

 

« Par les œuvres la foi fut rendue parfaite » : mot qui signifie formée ou consommée. Jacques pense ici à la consommation et au perfectionnement de la foi par les épreuves dont il a déjà parlé (1: 3,4) :

 

« L’épreuve de votre foi produit la patience. Mais il faut que la patience accomplisse parfaitement son œuvre, afin que vous soyez parfaits et accomplis, sans faillir en rien ».

 

« Maintenant, dit Dieu, je sais que tu crains Dieu » (Genèse 22: 12).

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Le commentaire de John Thomas sur la foi et les œuvres d’Abraham nous aide beaucoup à comprendre les voies de Dieu à ce sujet :

 

« Comme pécheur, écrit-il, Abraham fut justifié à l’égard de ses péchés quand sa foi lui fut imputée à justice ; et comme saint il fut justifié par les œuvres quand il offrit Isaac sur l’autel... Si un homme croit en Dieu et s’il obéit à l’évangile, ses péchés passés lui sont pardonnés ; mais si, par la suite, il marche selon le train du monde, sa foi est prouvée morte et il perd tout droit à la vie éternelle ».

 

Ce fut donc par les œuvres que la foi d’Abraham fut rendue parfaite ;

 

et « ainsi s’accomplit ce que dit l’Écriture : Abraham crut en Dieu, et cela lui fut imputé à justice ; et il fut appelé ami de Dieu » (verset 23). L’Écriture de Genèse 15: 6, à laquelle Jacques fait allusion, se compose de deux déclarations :

 

d’abord qu’Abraham « crut en Dieu » et ensuite que cette foi « lui fut imputée à justice ». Dans les incidents de Genèse 22, les deux déclarations trouvent leur accomplissement : la première, parce que quand Abraham offre Isaac sur l’autel ses actions prouvent la réalité robuste et vivante de sa foi en Dieu ; la seconde, parce que Dieu bénit Abraham de nouveau à cause de ses œuvres et confirme par un serment les promesses de Genèse 15: 4, 5 (voir Genèse 22: 16-18).

 

C’est à cet accomplissement de l’Écriture que Paul fait allusion dans Hébreux 6: 13-15:

 

« Lorsque Dieu fit la promesse à Abraham, ne pouvant jurer par un plus grand que lui, il jura par lui-même, et dit : Certainement, je le bénirai et je multiplierai ta postérité. Et c’est ainsi qu’Abraham, ayant persévéré, obtint ce qui lui avait été promis ».

 

Et Paul, de même que Jacques, trouve dans le cas d’Abraham une exhortation pour ses auditeurs, à savoir qu’ils doivent imiter « ceux qui, par la foi et la persévérance, héritent des promesses » (Hébreux 6: 12). C’est à cause de cette persévérance, l’opération de la foi, dit Jacques, qu’Abraham a été appelé ami de Dieu — allusion à Ésaïe 41: 8, où Dieu parle d’Abraham « que j’ai aimé ».

 

L’analyse de l’expérience d’Abraham se termine dans le verset 24, où Jacques résume nettement le sens de cette expérience :

 

« Vous voyez que l’homme est justifié par les œuvres, et non par la foi seulement ».

 

C’est la foi seule, « agissant avec les œuvres », qui puisse nous justifier devant Dieu, qui puisse, par la grâce de Dieu, nous constituer héritiers de la vie éternelle.

 

Jacques cite maintenant un autre cas dans l’Écriture qui renforce sa thèse:

 

« Rahab la prostituée ne fut-elle pas également justifiée par les œuvres, lorsqu’elle reçut les messagers et qu’elle les fit partir par un autre chemin ? » (verset 25)

 

— exemple qui possède tout autant de force que celui d’Abraham. Car voilà une femme célèbre, comme l’était Abraham, dans l’histoire d’Israël, et dont la foi, tout comme la sienne, était beaucoup discutée par les rabbins : femme d’ailleurs, de race étrangère, faible et pécheresse. Il est donc tout à fait naturel que Jacques, comme Paul (Hébreux 11: 31) cite cet exemple pour appuyer son argument : il y trouve une preuve excellente de l’universalité du principe dont il parle.

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Dans Josué 2: 9-11, nous lisons qu’après avoir caché les espions Rahab monta vers eux sur le toit et leur dit :

 

« L’Éternel, je le sais, vous a donné ce pays ; la terreur que vous inspirez nous a saisis, et tous les habitants du pays tremblent devant vous... car c’est l’Éternel, votre Dieu, qui est Dieu en haut dans les deux et en bas sur la terre. »

 

— déclaration positive de foi en Dieu. Déjà, en cachant les espions, elle a donné une preuve de la réalité et de la vitalité de sa foi ; ensuite elle en a donné une autre :

 

« Elle les fit descendre avec une corde par la fenêtre, car la maison qu’elle habitait était sur la muraille de la ville. Elle leur dit : Allez du côté de la montagne, de peur que ceux qui vous suivent ne vous rencontrent ; cachez-vous là pendant trois jours, jusqu’à ce qu’ils soient de retour ; après cela, vous suivrez votre chemin” (Josué 2: 15, 16),

 

En prenant ces dispositions pour faciliter l’évasion des espions Rahab fait voir sa confiance dans la victoire des Israélites et sa certitude que son propre salut dépendrait du retour des espions au camp d’Israël.

 

En écrivant aux Hébreux, Paul tient surtout à souligner la foi de Rahab:

 

« C’est par la foi que Rahab la prostituée ne périt pas avec les rebelles » ;

 

mais Paul indique en passant que la foi de Rahab était valable parce qu’elle agissait avec les œuvres, car il ajoute :

 

« parce qu’elle avait reçu les espions avec bienveillance » (Hébreux 11:31).

 

Jacques ne nie point la foi de Rahab ; seulement il insiste sur le fait que cette foi se montrait par les œuvres « lorsqu’elle reçut les messagers et qu’elle les fit partir par un autre chemin ». Sa foi était beaucoup plus qu’une simple reconnaissance de l’existence et du pouvoir du Dieu d’Israël : elle avait fait naître en elle une confiance vivante en Dieu, une conviction que ce qu’Il avait promis Il pouvait aussi l’accomplir ; et cette confiance lui avait inspiré le désir d’agir selon la volonté de Dieu.

 

Ainsi l’exemple de Rahab, tout autant que celui d’Abraham, nous montre que,

 

« comme le corps sans esprit est mort, de même la foi dans les œuvres est morte » (verset 26).

 

Cette foi seule est vivante, et a de la valeur devant Dieu, que vivifient les œuvres. La vie du corps se montre par ses actions ; l’existence de la foi se montre également par les bonnes œuvres.

 

Pour terminer notre étude de la thèse de Jacques sur la foi et les œuvres, nous devons considérer assez sommairement la relation entre cette thèse et celle de Paul au même sujet. Grand nombre de critiques trouvent ces deux thèses contradictoires ; ils juxtaposent volontiers la déclaration de Jacques :

 

« La foi sans les œuvres est morte »,

 

et celle de Paul (Romains 3: 28 ; Galates 2: 16) :

 

« L’homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi » ;

 

et en plus, l’argument de Jacques qu’Abraham a été justifié « par les œuvres » et celui de Paul qu’Abraham « crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice » (Romains 4: 3).

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En vérité il n’y a aucune contradiction entre les deux thèses. Les œuvres que Paul déclare incapables de justifier sont « les œuvres de la loi » — actes cérémonieux et autres actions qui ne provenaient point de la foi et que l’on n’accomplissait que pour se conformer à la loi ; œuvres que condamnerait Jacques aussi. En citant le cas d’Abraham Paul tient seulement à souligner qu’un homme est justifié tout d’abord par la foi seule, par sa croyance en Dieu et en Ses promesses (idée implicite dans l’argument de Jacques). Et nous avons déjà vu que Paul insiste tout autant que Jacques que la vraie foi se manifeste par les œuvres (Romains 5: 1, 2 ; 6: 1, 2, 19-22 ; Galates 5: 6 ; Hébreux 6: 15). La « foi » que Jacques condamne n’est point la même chose que la foi dont parle Paul comme nécessaire au salut ; les « œuvres de la loi » que condamne Paul ne sont point identiques avec les œuvres dont parle Jacques — œuvres inspirées par la foi, et qui perfectionnent celle-ci.

 

Paul ou Jacques fait-il par hasard allusion aux idées de l’autre ? Ce qui est certain, c’est que les épîtres circulaient beaucoup parmi les églises du premier siècle ; il est donc difficile de croire que Paul pourrait demeurer longtemps ignorant de la lettre de Jacques, ou Jacques des lettres de Paul. Mais la question d’une liaison plus étroite est assez douteuse. On a suggéré que Jacques a écrit après Paul et qu’il tenait à corriger des perversions de la doctrine de Paul ; mais il ne serait guère nécessaire de mettre les chrétiens juifs en garde contre des perversions de l’enseignement de l’apôtre aux païens, et cette idée ne s’accorde point avec Jacques 1: 26, 27. Et de plus, nous croyons avoir démontré dans plusieurs chapitres précédents que selon toute probabilité Jacques a écrit avant Paul. Est-ce que Paul donc corrigeait quelque perversion populaire et judaïque de la doctrine de Jacques ? Conjoncture peu probable, car, comme nous venons de noter, la ressemblance entre les thèses de Paul et de Jacques n’est que superficielle ; et même les allusions à Abraham et à Rahab sont tout à fait naturelles, eu égard à l’importance de ces personnes dans la tradition juive.

 

Nous concluons donc, avec le théologien anglais E.H. Plumtree, que la lettre de Jacques est probablement « tout à fait indépendante, antérieure à celles de Paul, suivant son propre fil d’idées et développant sa thèse à elle ».

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10 L’usage de la langue (3:1-12)

 

Dans le chapitre 3, Jacques reprend son exposé des moyens par lesquels nous devrions mettre en pratique la parole de Dieu :

 

« Mes frères, qu’il n ‘y ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à enseigner, car vous savez que nous serons jugés plus sévèrement » (3: 1).

 

Constatons tout d’abord que Jacques ne condamne point le simple désir d’enseigner : œuvre, au contraire, excellente et bien nécessaire. Paul écrit à Timothée :

 

« Si quelqu’un aspire à la charge d’évêque, il désire une œuvre excellente » (1 Timothée 3: 1).

 

Et aux Thessaloniciens il parle de l’affection que nous devrions ressentir envers ceux qui nous enseignent :

 

« Nous vous prions, frères, d’avoir de la considération pour ceux qui travaillent parmi vous, qui vous dirigent dans le Seigneur, et qui vous exhortent. Ayez pour eux beaucoup d’affection, à cause de leur œuvre » (1 Thessaloniciens 5: 12, 13).

 

Mais le service de Dieu comprend une grande diversité d’œuvres parmi lesquelles l’enseignement, quoique très important, n’est qu’une seule :

 

« Car, comme le corps est un et a plusieurs membres, et comme tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il de Christ... Le corps n’est pas un seul membre, mais il est formé de plusieurs membres... Si tout le corps était œil, où serait l’ouïe ? S’il était tout ouïe, où serait l’odorat ? » (1 Corinthiens 12: 12-17).

 

Si tous les disciples enseignent, qui va visiter les orphelins et les veuves ? Qui va soigner les malades ?

 

« Qu’il n’y ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à enseigner ».

 

D’ailleurs on peut rechercher la fonction d’instructeur non par souci pour le troupeau de Dieu mais, comme Diotrèphe (3 Jean 9), parce qu’on aime à être le premier parmi les disciples. Ce fut là l’erreur des scribes et des pharisiens, erreur condamnée par Jésus (Matthieu 23: 5-7) :

 

« Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes... Ils aiment à être salués dans les places publiques, et à être appelés par les hommes Rabbi, Rabbi »,

 

faute qui pourrait bien se reproduire parmi les Juifs convertis de la dispersion ; erreur, enfin, qui se développait dans grand nombre des églises, d’origine païenne comme d’origine juive, au fur et à mesure que les disciples se multipliaient. Paul (1 Corinthiens 12: 14) a dû censurer ceux de Corinthe qui faisaient usage des dons de l’Esprit pour se faire valoir ; et Pierre (2 Pierre 2) a vigoureusement condamné les faux docteurs qui, pour cette même raison, introduisaient des sectes pernicieuses. Ainsi Jacques tient à souligner les responsabilités graves de ceux qui se mettent à enseigner (voir aussi 1 Timothée 3) ; ils doivent se rendre compte du jugement sévère qu’ils subiront si le Seigneur les trouve infidèles :

 

« Vous savez que nous serons jugés plus sévèrement » (3: 1)

 

(et notons l’humilité de Jacques impliquée dans ce mot « nous »). Exhortation alors que nous devons tous mettre en pratique humblement, mais énergique-ment ; c’est un devoir essentiel que Dieu nous recommande, nous disant d’éviter toute aspiration à être prééminent.

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Parmi toutes les tentations que connaît celui qui se met à enseigner, il n’y a rien de plus difficile à surmonter que la langue rebelle, car voilà un petit membre possédant un grand pouvoir — tant pour le bien que pour le mal. Et Jacques considère maintenant d’une manière assez détaillée l’usage de la langue (voir aussi 1: 19, 26 ; 2: 12 ; 4: 13-17). Il ne faut pas limiter l’application de ses paroles à ceux qui enseignent, car Jacques lui-même traite du sujet sous ses aspects universels, et nous trouverons dans son exposé beaucoup de conseils — catégoriques et sévères comme toujours chez Jacques, mais très salutaires et d’une grande élévation.

 

« Nous bronchons tous de plusieurs manières » :

 

vérité que la nature humaine trouve toujours difficile à admettre. Parmi nous « il n’y a point de juste, pas même un seul » (Romains 3: 10) ; mais si nous pouvons recevoir cette vérité elle nous rend humbles et aptes à être instruits, et nous transforme sous l’influence de l’Esprit de Dieu.

 

« Nous bronchons tous de plusieurs manières. Si quelqu’un ne bronche point en paroles, c’est un homme parfait, capable de tenir tout son corps en bride » (3: 2 ; notons aussi l’écho du langage du chapitre 1: 26).

 

Tellement il est difficile de dompter la langue que Jacques peut parler de l’homme qui arrive à la gouverner comme capable de tenir en bride toutes ses passions. Ce serait « un homme parfait », entièrement maître de soi. Jacques éclaircit ce point en faisant usage de deux exemples (versets 3 et 4) :

 

« Si nous mettons le mors dans la bouche des chevaux pour qu’ils nous obéissent, nous dirigeons ainsi leur corps tout entier. Voici, même les navires, qui sont si grands et que poussent des vents impétueux, sont dirigés par un très petit gouvernail, au gré du pilote ».

 

L’homme qui tient les rênes dirige le corps tout entier du cheval ; le pilote qui tient le gouvernail dirige tout le navire ;

 

« De même, la langue est un petit membre, et elle se vante de grandes choses » (verset 5).

 

Si nous pouvions dompter la langue, nous développerions assez de force morale pour diriger tout notre être. Malheureusement, comme le dit Jacques plus tard :

 

« La langue, aucun homme ne peut la dompter ; c’est un mal qu’on ne peut réprimer » (verset 8).

 

Et, sauf Jésus, aucun homme n’est arrivé à la dompter, à la réprimer. Même Moïse, homme de Dieu, « s’exprima légèrement des lèvres » près de Meriba, et en fut puni (Psaume 106: 32, 33).

 

Trop souvent, même parmi les enfants de Dieu, la langue c’est le « petit feu » (Jacques 3: 5) qui finit par embraser une grande forêt. Le proverbe parle du feu qui reste sur les lèvres de l’homme pervers (Proverbes 16: 27) :

 

« L’homme pervers prépare le malheur, Et il y a sur ses lèvres comme un feu ardent ».

 

« La langue aussi est un feu » (Jacques 3: 6) ;

 

et de plus :

 

« c’est le monde de l’iniquité. La langue est placée parmi nos membres, souillant tout le corps ».

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La langue peut être le serviteur et l’instrument de toutes nos pensées et de tous nos mauvais désirs ; constatons aussi que toute parole méchante laisse son empreinte sur notre caractère tout entier. Ainsi la langue devient une sorte de microcosme d’iniquité dont l’influence se répand parmi tout le corps, et le souille. C’est là un exemple très frappant du principe posé par Jésus (Marc 7: 18-23), auquel nous avons plusieurs fois fait allusion :

 

« Rien de ce qui du dehors entre dans l’homme ne peut le souiller... Ce qui sort de l’homme, c’est ce qui souille l’homme. Car c’est du dedans, c’est du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les débauches, les meurtres, les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans, et souillent l’homme ».

 

Et très souvent ces mauvaises tendances s’expriment de manière ou d’autre par la langue.

 

« La langue est placée parmi nos membres, souillant tout le corps, et (pour revenir à la métaphore du feu) enflammant le cours de la vie, étant elle-même enflammée par la géhenne » (Jacques 3: 6).

 

La mauvaise influence de la langue est si répandue qu’elle enflamme toute la vie humaine — celle de l’individu comme celle de la société. Et notons que c’est par la géhenne qu’est enflammée la langue : « géhenne » est une expression hébraïque qui ne s’emploie dans le Nouveau Testament que dans les Évangiles et dans l’Épître de Jacques. Elle signifie la vallée des fils de Hinnom. C’est dans cette vallée que, pendant l’ère de leur décadence, les Israélites avaient fait passer leurs enfants par le feu en l’honneur de Moloc et de Baal (voir 2 Rois 23: 10 ; Jérémie 7: 31 ; 19: 5, 6). Plus tard on employait cette vallée comme une sorte de fosse immense, pour y brûler toutes les ordures et tout le rebut de Jérusalem dans des feux perpétuels. Ainsi, pour les rabbins et pour Jésus, la géhenne est devenue symbole d’abord de la souillure, ensuite de la destruction (voir, par exemple, Marc 9: 43-46). En faisant usage de cette expression Jacques veut indiquer que les erreurs de la langue proviennent d’une source essentiellement mauvaise, et qui finit par détruire toute vie spirituelle.

 

Pour souligner le grand pouvoir de la langue dans la vie humaine, Jacques nous développe un contraste saisissant : à savoir, le contraste entre la domination qu’exerce l’homme sur les bêtes et son impuissance à l’égard de la langue :

 

« Toutes les espèces de bêtes et d’oiseaux, de reptiles et d’animaux marins, sont domptés et ont été domptés par l’homme; mais la langue, aucun homme ne peut la dompter; c’est un mal qu’on ne peut réprimer ; elle est pleine d’un venin mortel » (Jacques 3: 7, 8).

 

Les paroles de Jacques nous rappellent d’abord la loi promulguée par Dieu lors de la création de l’homme (Genèse 1: 26) :

 

« Qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre »

(loi renouvelée à Noé — Genèse 9: 2 — et à laquelle le Psalmiste fait allusion — Psaume 8: 6-9). On ne doute donc point de la domination de l’homme sur les animaux ; mais se dominer soi-même, dominer ses propres passions, dominer la langue par laquelle les passions s’expriment, c’est là tout autre chose ; car la langue « c’est un mal qu’on ne peut réprimer » et que personne, à part Jésus, n’est jamais arrivé à dompter entièrement.

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La langue, dit Jacques, « est pleine d’un venin mortel ». Le Psalmiste parle (Psaume 140: 4) des hommes méchants et violents qui

 

« ...aiguisent leur langue comme un serpent,

[qui] ont sous leurs lèvres un venin d’aspic ».

 

En effet, nos paroles possèdent un grand pouvoir, tant pour le mal que pour le bien ; si nous employons la langue d’une manière injurieuse et méchante, nous pouvons être responsables même de la mort de notre prochain, de notre frère — ou de sa mort physique ou de sa mort spirituelle, ou bien de toutes les deux. De plus, le venin de la langue souille tout notre caractère et de ce fait peut être vraiment funeste pour nous-mêmes :

 

« La mort et la vie sont au pouvoir de la langue ; Quiconque l’aime en mangera les fruits » (Proverbes 18: 21).

 

Et ce n’est pas seulement la parole franchement méchante qui possède ce pouvoir : toute parole vaine et inconsidérée peut être également funeste, comme le dit Jésus (Matthieu 12: 36, 37) :

 

« Au jour du jugement les hommes rendront compte de toute parole vaine qu’ils auront proférée. Car par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu seras condamné ».

 

Pour conclure son exhortation sur l’usage de la langue, Jacques nous signale un autre contraste : le contraste entre ce qui arrive chez l’homme et ce que nous trouvons dans la nature. Par la langue, dit-il (versets 9, 10),

 

« nous bénissons le Seigneur notre Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à l’image de Dieu. De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction ».

 

C’est là un exemple net et frappant de l’inconstance de l’homme : tantôt il fait usage de la langue pour bénir Dieu, en publiant Sa justice et Sa miséricorde (voir Psaumes 71: 24 ; 145: 21), tantôt il maudit son voisin, celui qui est fait à l’image de Dieu (Genèse 1: 26, 27). Cette inconstance, qui met en question la sincérité de sa louange de l’Éternel, trouve son origine dans cette irrésolution, cette division de foi que Jacques a déjà condamnées (1: 6-8) et auxquelles il fait de nouveau allusion plus loin (4: 4-8). Inconstance, d’ailleurs, condamnée par Jésus (Matthieu 5 :21-24) :

 

« Je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère est passible de jugement ; que celui qui dira à son frère : Raca ! mérite d’être puni par le sanhédrin ; et que celui qui lui dira : Insensé ! mérite d’être puni par le feu de la géhenne. Si donc tu présentes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis, viens présenter ton offrande ».

 

Inconstance, enfin, que la nature réprimande partout :

 

« Il ne faut pas, mes frères, qu’il en soit ainsi. La source fait-elle jaillir par la même ouverture l’eau douce et l’eau amère ? Un figuier, mes frères, peut-il produire des olives, ou une vigne des figues ? De l’eau salée ne peut pas non plus produire de l’eau douce » (Jacques 3: 10-12).

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Il est bien évident que l’auteur de ces dernières paroles était un habitant de la Palestine, à qui les sources saumâtres (voir 2 Rois 2: 19), l’eau salée de la Mer morte, les vignes et les figuiers étaient bien familiers. Et en plus, il se peut bien que Jacques pense ici aux paroles que Jésus adresse aux pharisiens :

 

« Ou dites que l’arbre est bon et que son fruit est bon, ou dites que l’arbre est mauvais et que son fruit est mauvais ; car on connaît l’arbre par le fruit. Race de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes choses, méchants comme vous l’êtes ? Car c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle. L’homme bon tire de bonnes choses de son bon trésor, et l’homme méchant lire de mauvaises choses de son mauvais trésor » (Matthieu 12: 33-36 ; voir aussi Matthieu 7: 16, 17).

 

L’eau salée dont Jacques a parlé ne peut produire de l’eau douce ; et l’homme méchant, comme le dit Jésus, ne peut non plus dire de bonnes choses. En revanche, si nous disons de mauvaises choses, cela indique qu’il y a quelque chose de mauvais dans notre cœur :

 

« Car c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle ».

 

D’ailleurs, si nous employons la langue pour maudire comme pour bénir, les bénédictions que nous prononçons deviennent elles-mêmes souillées et ne valent plus rien. Comme il est inconcevable que la source de l’eau douce fasse jaillir de l’eau amère, que le figuier produise des olives, la vigne des figues, de même il est inadmissible que la langue qui bénit vraiment Dieu, puisse s’avilir à maudire l’homme qui est fait à son image.

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11 La douceur et la vraie sagesse (3: 13-18)

 

Les paroles de Jacques au sujet des mauvais usages de la langue l’amènent tout naturellement à considérer le problème plus général de l’origine des désordres et des querelles dans les églises ; et cette considération se poursuit jusqu’au verset 10 du chapitre 4. Dans la première partie de sa thèse, que nous allons étudier à présent, Jacques fait allusion de nouveau à la sagesse divine dont il parle dans le premier chapitre (1: 5: « Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu » ). Son langage nous rappelle, comme il arrive très souvent, celui des Proverbes ; et, en effet, dans le chapitre 3 des Proverbes nous trouvons quelques déclarations sur la sagesse divine qui évoquent la thèse de Jacques :

 

« Heureux l’homme qui a trouvé la sagesse, Et l’homme qui possède l’intelligence... Ses voies sont des voies agréables, Et tous ses sentiers sont paisibles » (Proverbes 3: 13, 17).

 

« Lequel d’entre vous, dit Jacques, est sage et intelligent ? Qu’il montre ses œuvres par une bonne conduite avec la douceur de la sagesse » (Jacques 3: 13).

 

Sans doute beaucoup de ses auditeurs faisaient-ils profession de posséder cette sagesse, cette sagesse qui vient d’en haut ; et surtout ceux d’entre eux qui enseignaient. Mais la preuve de l’existence de cette sagesse, chez eux comme chez nous, se trouve dans les œuvres, dans la bonne conduite. Ici Jacques revient au principe qu’il a déjà énoncé plusieurs fois (1: 22-27 ; 2: 14-26) et qui est à la base de toute son épître : l’homme qui croit être religieux, l’homme qui fait profession de sa foi, l’homme qui prétend à la sagesse — tous les trois doivent appuyer leurs prétentions par leurs œuvres. C’est la pratique extérieur qui indique les vraies dispositions du cœur ; « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits ». Et le fruit spécial et caractéristique de la vraie sagesse, c’est la douceur. Que l’homme donc qui prétend à la vraie sagesse montre la douceur qu’elle inspire par ses œuvres et par sa bonne conduite.

 

Malheureusement, parmi ceux qui font profession de la sagesse il y en a pas mal qui se conduisent bien autrement. Et comme nous l’avons déjà noté dans un autre chapitre, même parmi ceux du premier siècle qui aspiraient à enseigner il y en avait qui le faisaient seulement pour se faire valoir et pour introduire des sectes pernicieuses. Jacques nous met en garde contre cette erreur (chapitre 3, versets 14-16) :

 

« Mais si vous avez dans votre cœur un zèle amer et un esprit de dispute, ne vous glorifiez pas et ne mentez pas contre la vérité. Cette sagesse n’est point celle qui vient d’en haut ; mais elle est terrestre, charnelle, diabolique. Car là où il y a un zèle amer et un esprit de dispute, il y a du désordre et toutes sortes de mauvaises actions ».

 

Le zèle amer et l’esprit factieux que condamne Jacques étaient assez répandus dans les église du premier siècle, et Paul a souvent trouvé nécessaire de les condamner. Il exhorte les Galates à supprimer, comme œuvres de la chair,

 

« les rivalités, les querelles, les jalousies, les animosités, les disputes, les divisions, les sectes, l’envie » (Galates 5: 19-21).

 

Aux Corinthiens, il parle de l’origine charnelle et humaine de la jalousie et des disputes, qui troublent l’église :

 

« En effet, puisqu’il y a parmi vous de la jalousie et des disputes, n’êtes-vous pas charnels, et ne marchez-vous pas selon l’homme ? » (1 Corinthiens 3: 3).

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Il craint de trouver, à son arrivée chez eux,

 

« des querelles, de la jalousie, des animosités, des rivalités, des médisances, des calomnies, de l’orgueil, des troubles » (2 Corinthiens 12: 20).

 

Il encourage les disciples à Rome à marcher honnêtement,

 

« comme en plein jour, loin des orgies et de l’ivrognerie, de la luxure et de la débauche, des querelles et des jalousies » (Romains 13: 13).

 

Si, donc, un homme a dans son cœur un zèle amer et un esprit de dispute, il n’a pas de quoi se glorifier ; il peut faire profession de la sagesse divine, mais il ment contre la vérité ; car la sagesse qui l’inspire est entière-ment terrestre, charnelle, diabolique : cela se fait voir dans les fruits qui en proviennent — fruits non de la douceur et de la bonne conduite, mais du désordre et de toutes sortes de mauvaises actions. C’est en gardant les commandements de Jésus, dit Jean, que nous savons que nous l’avons connu :

 

« Celui qui dit : Je l’ai connu, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vérité n’est point en lui » (1 Jean 2: 3, 4).

 

Il y a donc un vif contraste entre les douces influences paisibles de la sagesse qui vient d’en haut et l’amertume factieuse qu’inspire la sagesse terrestre : contraste décrite par Jacques dans des termes qui nous rappellent ses paroles, dans les versets 11 et 12 de ce troisième chapitre, sur l’eau douce et

l’eau amère.

 

Le proverbe dit que tous les sentiers de la vraie sagesse sont paisibles ; Paul nous rappelle que

 

« Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix » (1 Corinthiens 14: 33) ;

 

et Jacques termine cet aspect de sa thèse en énumérant les caractéristiques douces et paisibles de la sagesse qui vient de Dieu (versets 17, 18) :

 

« La sagesse d’en haut est premièrement pure, ensuite pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits, exempte de duplicité, d’hypocrisie. Le fruit de la justice est semé dans la paix par ceux qui recherchent la paix ».

 

« Premièrement pure » : exempte, en effet, de tout mélange d’impureté terrestre, de toute inconstance. La sagesse terrestre n’a pour but que la satisfaction des convoitises de la chair ; la sagesse d’en haut exige un corps et un esprit chastes. Et c’est seulement si nous avons le cœur pur et simple devant Dieu que nous pouvons jouir de Sa paix — et dans notre propre cœur et dans nos relations avec les autres. Rappelons l’exhortation du premier chapitre (versets 5-8) :

 

« Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu... Mais qu’il la demande avec foi, sans douter ; car celui qui doute est comme un flot de la mer, agité par le vent et poussé de côté et d’autre... c’est un homme irrésolu, inconstant dans toutes ses voies ».

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La sagesse d’en haut qui est d’abord pure est aussi pacifique, modérée, conciliante, miséricordieuse, bref, pleine de « bons fruits » — contrastant ainsi avec la sagesse terrestre qui s’exprime dans de « mauvaises actions ». Par suite de sa pureté elle est évidemment exempte de duplicité, d’hypocrisie. Notons bien que Jacques tient à souligner le caractère pratique de la sagesse, comme de la foi (voir chapitre 2) — caractère qui a sa manifestation parfaite dans Jésus-Christ, dont Pierre dit (Actes 10: 38) qu’il « allait de lieu en lieu faisant du bien... car Dieu était avec lui ».

 

Jacques termine cet aspect de son sujet dans le verset 18 de ce troisième chapitre par un résumé clair et saisissant :

 

« Le fruit de la justice est semé dans la paix par ceux qui recherchent la paix ».

 

Le fruit qu’est la justice, fruit désiré ardemment par tout vrai disciple de Jésus-Christ, n’est produit que par la paix ; il est donc moissonné seulement par ceux qui sèment la paix.

 

« Ainsi donc, recherchons ce qui contribue à la paix et à l’édification mutuelle » (Romains 14: 19).

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12 L’adultère spirituel (4: 1-6)

 

Le bon fruit de la sagesse qui vient d’en haut, c’est la paix (3: 17, 18). Mais parmi les lecteurs de Jacques il y avait des luttes et des querelles, ou plutôt, suivant le sens du grec, des disputes de mots qui aboutissaient à des querelles. Plus tard, écrivant à Timothée (1 Timothée 6: 3-5), Paul a dû condamner ces mêmes erreurs chez ceux qui avaient « la maladie des questions oiseuses et des disputes de mots, d’où naissent l’envie, les querelles, les calomnies, les mauvais soupçons, les vaines discussions d’hommes corrompus d’entendement, privés de la vérité, et croyant que la piété est une source de gain ».

 

Quelle est l’origine de ces disputes, de ces querelles ?

 

« D’au viennent les luttes, et d’où viennent les querelles parmi vous ? » (Jacques 4: 1).

 

Pas de Dieu, évidemment, car elles sont le fruit non de la sagesse divine mais de la sagesse terrestre (voir 3: 13-15). Elles viennent, en effet, de la source que Jacques a déjà identifiée (1: 13-15) comme origine de toute pensée et de toute action mauvaises — de la convoitise qui habite en l’homme lui-même :

 

« N’est-ce pas de vos passions qui combattent dans vos membres ? » (4: 1).

 

Paul parle de la guerre qui se livre dans nos membres entre les convoitises chamelles et les désirs spirituels (Romains 7: 22, 23) :

 

« Je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l’homme intérieur ; mais je vois dans mes membres une autre loi qui lutte contre la loi de mon entendement, et qui me rend captif de la loi du péché qui est dans mes membres ».

 

Et Pierre nous exhorte (I Pierre 2: 11) à nous abstenir des

 

« convoitises charnelles qui font la guerre à l’âme ».

 

« Vous convoitez, et vous ne possédez pas ; vous êtes meurtriers et envieux, et vous ne pouvez pas obtenir ; vous avez des querelles et des luttes, et vous ne possédez pas, parce que vous ne demandez pas » (Jacques 4: 2).

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Les convoitises qui combattaient dans les membres des lecteurs de Jacques les incitaient d’abord à rechercher le gain et la prééminence ; à l’instar des disciples dont Paul a écrit à Timothée (1 Timothée 6: 4), ils croyaient en effet « que la piété est une source de gain ». Ils convoitaient, mais ils ne possédaient pas : ainsi ils devenaient des meurtriers, nourrissant des pensées envieuses et pleines de malice envers leurs frères et leurs sœurs et provoquant des disputes et des querelles.

 

Le mot de meurtriers réclame notre attention. Dans le sermon sur la montagne Jésus dit que l’homme qui regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur ; et que celui qui se met en colère contre son frère est dans le même état que celui qui l’a tué (Matthieu 5: 27, 28, 21-23). L’apôtre Jean déclare (1 Jean 3; 15) que

 

« quiconque hait son frère est un meurtrier ».

 

Ainsi il s’ensuit que, parmi les disciples à qui Jacques écrit, ceux qui sont excités par la convoitise du gain et de la prééminence, se constituent devant Dieu « meurtriers et envieux ». Pourtant, il reste toujours possible que Jacques emploie le mot de meurtriers avec une signification littérale aussi : car, d’abord, les faux disciples pourraient bien entraîner par leurs actions la mort spirituelle des âmes mal affermies qu’ils séduisaient ; et, en plus, ils étaient fort capables de provoquer la mort physique de leurs victimes, ou en les réduisant à une misère extrême (voir 5: 6), ou, dans le cas des âmes sensibles, par l’effet des querelles et des discordes continuelles.

 

La convoitise, le meurtre, l’envie, les disputes, les querelles... et jamais on n’arrivait à obtenir ce qu’on désirait. Et pourquoi ? Tout simple-ment, dit Jacques, parce qu’on ignorait Dieu :

 

« En toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces » (Philippiens 4: 6).

 

On peut facilement imaginer la réponse des faux disciples : « Mais vous avez tort ; nous prions toujours ; nous ne cessons de demander ! ». Peut-être ! Ils demandaient en quelque sorte, mais ils ne recevaient pas parce qu’ils ignoraient la condition essentielle de la vraie prière, déjà expliquée plus haut (1: 5-8). Il faut que l’on

 

« demande avec foi, sans douter » ;

 

l’homme irrésolu et inconstant, dont les pensées sont divisées entre Dieu et Mammon, ne recevra rien du Seigneur :

 

« Vous demandez, et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, dans le but de satisfaire vos passions » (Jacques 4: 3).

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Cette accusation mène naturellement dans les versets suivants à la condamnation sévère de ceux qui essayaient de partager leur confiance entre Dieu et leurs intérêts mondains et charnels, condamnation déjà exprimée si énergiquement dans les versets auxquels nous venons de faire allusion (1: 5-8).

 

« Adultères que vous êtes ! » Il est possible que quelques-uns des faux disciples aient été des adultères dans un sens littéral (voir 2 Pierre 2: 13, 14) ; mais ce n’est pas dans ce sens que Jacques emploie le mot ici. En effet, il fait usage d’une métaphore violente qui est, d’ailleurs, assez répandue dans l’Écriture. Dans l’Ancien Testament, Dieu parle de la nation comme de Son épouse :

 

« Car ton créateur est ton époux » (Ésaïe 54: 5).

 

Lorsque la nation lui a tourné le dos pour adorer des idoles, Dieu a indiqué Son dégoût en employant le langage violent de l’adultère. L’infidélité de la nation envers Dieu est comparée à l’adultère d’une épouse. Lisez, par exemple, Jérémie 3, Ézéchiel 16 et 23, et Osée 2. Jérémie parle des « adultères » de « l’infidèle Israël » (3: 8) ; Ézéchiel décrit les alliances idolâtres faites avec les

cultes d’Égypte et d’Assyrie comme « l’œuvre d’une maîtresse prostituée » ; et il dénonce l’erreur de la nation en disant : « Tu as été la femme adultère, qui reçoit des étrangers au lieu de son mari » (16: 30, 32). Utilisant cette même métaphore frappante, Jésus condamne les Juifs de son époque comme une « génération méchante et adultère » (Matthieu 12: 39).

 

Ainsi on voit que l’infidélité envers Dieu, c’est un adultère spirituel, et Jacques emploie ce mot violent pour indiquer la vraie nature pernicieuse et dégoûtante de l’inconstance de quelques-uns parmi ses lecteurs. Ils s’étaient dédiés au service de Dieu ; ils s’étaient constitués en effet l’épouse de Dieu ; en essayant en même temps de satisfaire leurs convoitises charnelles, ils brisaient le lien qui les unissaient à Dieu — ils devenaient des adultères :

 

« Adultères que vous êtes! ne savez-vous pas que l’amour du monde est inimitié contre Dieu? Celui donc qui veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu » (Jacques 4: 4).

 

Impossible de servir deux maîtres ; impossible de rester fidèle à Dieu et à Mammon.

 

« Car l’affection de la chair est inimitié contre Dieu, parce qu’elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, et qu’elle ne le peut même pas » (Romains 8: 7).

 

« Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou qu’y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial ? Ou quelle part a le fidèle avec l’infidèle ? Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? Car nous sommes le temple du Dieu vivant » (2 Corinthiens 6: 14-16).

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Revenons à Jacques (4: 5) :

 

« Croyez-vous que l’Écriture parle en vain ? C’est avec jalousie que Dieu chérit l’esprit qu’il a fait habiter en nous »

 

Ce n’est pas ici qu’il cite les termes propres d’un seul passage de l’Écriture ; il fait plutôt allusion au sens général de plusieurs passages, où il est question des soins jaloux et constants avec lesquels Dieu garde et nourrit le nouvel homme spirituel qu’Il a engendré dans Ses élus. Il ne veut pas que ce nouvel homme périsse à cause de notre infidélité, de notre adultère. Notons bien que la jalousie n’est pas toujours un mauvais attribut : Paul parle de la «jalousie de Dieu » qu’il éprouve à l’égard des Corinthiens (2 Corinthiens 11: 2), et il peut justement qualifier cette jalousie : « de Dieu », parce que c’est la manifestation chez Paul d’un attribut divin.

 

Dans les passages de l’Ancien Testament auxquels nous venons de faire allusion, et où il est question de l’adultère spirituel d’Israël, nous devons noter comment les prophètes soulignent la miséricorde et l’amour de Dieu (voir Jérémie 3: 15 ; Ézéchiel 16: 3-14 ; et aussi Deutéronome 32: 10-21). En effet, c’est à cause de Sa jalousie à l’égard de Ses élus que Dieu les châtie de temps à autre, pour qu’ils retournent à leur fidélité originale :

 

« Je te jugerai comme on juge les femmes adultères ... Je ferai cesser ainsi ta débauche » (Ézéchiel 16: 38-43).

 

Dieu qui s’est décrit aux Israélites comme « un Dieu jaloux » ne supporte pas qu’on adore d’autres dieux ; Il demande chez Ses enfants un dévouement entier et exclusif.

 

C’est en pensant au puissant désir de Dieu pour le retour de Son épouse égarée que Jacques ajoute :

 

« Il accorde, au contraire, une grâce plus excellente ; c’est pourquoi l’Écriture dit :

 

Dieu résiste aux orgueilleux,

Mais il fait grâce aux humbles »

(verset 6).

 

Non seulement l’Écriture dit juste en parlant du souci jaloux de Dieu ; elle indique en plus que Dieu accorde une grâce même plus excellente que celle-là :

 

la grâce de la miséricorde et du pardon des péchés pour ceux qui s’humilient et qui se repentent. C’est pour indiquer cela que l’Écriture dit (Proverbes 3: 34) :

 

« Il se moque des moqueurs, (Dieu résiste aux orgueilleux) Mais il fait grâce aux humbles ».

 

C’est de l’exhortation qui coule de cette assurance que nous essaierons de traiter dans notre prochain chapitre.

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13 L’humilité précède la gloire (4: 7-10)

 

« Dieu résiste aux orgueilleux,

Mais il fait grâce aux humbles »

 

— proverbe que Jacques a rappelé au souvenir de ses lecteurs dans le verset 6 ; proverbe, d’ailleurs, qui évoque les paroles émouvantes d’Ésaïe (57: 15) :

 

« Car ainsi parle le Très-Haut,

Dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint :

J’habite dans les lieux élevés et dans la sainteté ;

Mais je suis avec l’homme contrit et humilié,

Afin de ranimer les esprits humiliés,

Afin de ranimer les cœurs contrits ».

 

C’est de l’exhortation qui coule de cette pensée que Jacques traite dans les versets 7 à 10. L’essentiel, tout évidemment, c’est que l’on s’humilie devant Dieu :

 

« Soumettez-vous donc à Dieu » (verset 7).

 

Mais le corollaire de la soumission à Dieu, c’est la résistance à l’ennemi de Dieu — à cette puissance habitant en nos membres qui lutte contre la loi de Dieu et qui nous rend « captifs de la loi du péché » (Romains 7: 23) ; puissance déjà identifiée plus haut (Jacques 1: 13-15) et appelée là « la convoitise ». « Ne donnez pas accès au diable » écrit Paul aux Éphésiens (4: 27). « Résistez au diable, » dit Jacques, « et il fuira loin de vous » (4: 7) : assurance confirmée par l’expérience de Jésus dans le désert (Matthieu 4: 11 : après la tentation « le diable le laissa ») et appuyée par l’apôtre Jean (I Jean 5: 18):

 

« Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché ; mais celui qui est né de Dieu se garde lui-même, et le malin ne le touche pas ».

 

« Résistez au diable et il fuira loin de vous »,

 

mais, pour faire contraste :

 

« Approchez-vous de Dieu, et il s’approchera de vous » (verset 8).

 

Il est essentiel de comprendre que c’est Dieu qui s’est approché tout d’abord de l’homme pécheur, en prenant des mesures pour lui couvrir les péchés. L’amour, dit Jean, consiste essentiellement,

 

« non point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’il nous a aimés et envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés » (1 Jean 4: 10).

 

Ce n’est qu’en vertu de cet arrangement que nous pouvons nous approcher de Dieu:

 

« Étant... justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, à qui nous devons d’avoir eu par la foi accès à cette grâce » (Romains 5: 1,2).

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Mais après que Dieu nous a appelés pour participer à cette grâce, il nous incombe toujours de répondre à Son invitation, de nous approcher de Lui de notre côté et de demeurer en Lui. Du vrai chrétien on peut dire, comme on a dit d’Hénoc (Genèse 5: 24), qu’il marche avec Dieu.

 

Il arrive quelquefois qu’un homme marche avec Dieu pendant quelque temps, puis qu’il Lui tourne volontairement le dos ; ou bien, pour changer de métaphore, qu’il rejette la couverture que Dieu lui a donné pour cacher ses péchés. Or, Dieu est toujours et entièrement juste ; Il ne peut pas regarder sympathiquement le péché :

 

« Tes yeux sont trop purs pour voir le mal,

Et tu ne peux pas regarder l’iniquité »

(Habakuk 1: 13).

 

Ainsi il s’ensuit que Dieu doit enfin abandonner l’homme, ou la nation, qui rejette continuellement Ses commandements. C’est ce dit le prophète Azaria à Asa, roi de Juda :

 

« Écoutez-moi Asa, et tout Juda et Benjamin ! L’Éternel est avec vous quand vous êtes avec lui ; si vous le cherchez, vous le trouverez ; mais si vous l’abandonnez, il vous abandonnera » (2 Chroniques 15: 1, 2).

 

En fait, la nation d’Israël s’est montrée souvent récalcitrante devant la patience de Dieu ; Malachie la réprimande avec force :

 

« depuis le temps de vos pères, vous vous êtes écartés de mes ordonnances, Vous ne les avez point observées » (Malachie 3: 7).

 

Mais Dieu « prend plaisir à la miséricorde », Il est toujours prêt à pardonner l’iniquité, à oublier les péchés (voir Michée 7: 18,19) ; ainsi Malachie continue :

 

« Revenez à moi, et je reviendrai à vous,

Dit l’Éternel des armées ».

 

Et pendant la longue histoire de la désobéissance de la nation, les prophètes ont souvent ordonné aux Israélites de revenir de leur mauvaise voie pour être de nouveau bénis par Dieu (voir, par exemple, Jérémie 25: 5 ; 35: 15).

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Ainsi, comme quelques-uns parmi les lecteurs de Jacques, ceux qui se sont éloignés de Dieu n’ont qu’à se repentir et qu’à se rapprocher de Lui, pour qu’Il se rapproche d’eux :

 

« Approchez-vous de Dieu, et il s’approchera de vous ».

 

Il est néanmoins essentiel que le rapprochement soit sincère, sans aucune trace de l’inconstance, de l’irrésolution, de l’hypocrisie que Jacques a déjà condamnées (1: 5-8 ; 4: 3,4).

 

« L’Éternel est près de tous ceux qui l’invoquent »,

 

dit le Psalmiste,

 

« De tous ceux qui l’invoquent avec sincérité ».

 

Toujours Jacques revient à cette idée de l’inconstance, de l’irrésolution, comme à la vraie source des maux qui se manifestent chez ses lecteurs. Ainsi il continue son exhortation, les conjurant de nettoyer les mains de tout péché et le cœur de toute irrésolution :

 

« Nettoyez vos mains, pécheurs ; purifiez vos cœurs, hommes irrésolus » (Jacques 4: 8).

 

La loi de Moïse ordonnait aux sacrificateurs de se sanctifier et de se laver les mains avant de se présenter devant Dieu :

 

« Que les sacrificateurs, qui s’approchent de l’Éternel,se sanctifient aussi, de peur que l’Éternel ne les frappe de mort... Aaron et ses fils se laveront les mains et les pieds. Lorsqu’ils entreront dans la tente d’assignation, ils se laveront... afin qu’ils ne meurent point ; et aussi lorsqu’ils s’approcheront de l’autel » (Exode 19: 22 ; 30: 19-21).

 

Or, ce lavement des mains et des pieds, c’était une action symbolique pour indiquer aux Israélites la nécessité de la repentance, de la purification personnelle avant de pouvoir s’approcher de Dieu. Mais de telles actions devenaient vite automatiques et vides de sens ; elles cessaient enfin de porter aucune relation à la vie journalière d’Israël. A l’époque d’Ésaïe, Dieu a condamné avec force l’hypocrisie du peuple :

 

« Qu’ai-je affaire de la multitude de vos sacrifices ? dit l’Éternel...

Quand vous venez vous présenter devant moi,

Qui vous demande de souiller mes parvis ?

Cesser d’apporter de vaines offrandes :

J’ai en horreur l’encens,

Les nouvelles lunes, les sabbats et les assemblées ;

Je ne puis voir le crime s’associer aux solennités...

Quand vous étendez vos mains, je détourne de vous mes yeux ;

Quand vous multipliez les prières, je n’écoute pas :

Vos mains sont pleines de sang »

(Ésaïe 1: 11-15).

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Il les exhorte à se laver, à se purifier ; et il paraît bien ici, comme chez Jacques, que le lavement et la purification dont Il parle se rapportent aux actions, à la vie entière, de ses auditeurs :

 

« Lavez-vous, purifiez-vous,

Ôtez de devant mes yeux la méchanceté de vos actions ;

Cessez de faire le mal.

Apprenez à faire le bien, recherchez la justice,

Protégez l’opprimé ;

Faîtes droit à l’orphelin,

Défendez la veuve »

(versets 16, 17).

 

Jésus a condamné les pharisiens et les scribes de sa génération parce qu’ils manifestaient la même attitude que leurs pères de l’époque d’Ésaïe (Matthieu 15:1-9) ; il condamne leur inconstance à propos du lavement des mains et déclare :

 

« Hypocrites, Ésaïe a bien prophétisé sur vous, quand il a dit :

Ce peuple m’honore des lèvres,

Mais son cœur est éloigné de moi,

C’est en vain qu’ils m’honorent ».

 

Dans l’exhortation de Jacques, donc, « les mains » représentent les actions, la conduite ; et « le cœur » les pensées et les intentions. Nous remarquons un usage identique de ces mots chez David :

 

« Je lave mes mains dans l’innocence

Et je vais autour de ton autel, ô Éternel »

(Psaume 26: 6) ;

 

chez Paul :

 

« Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, en élevant des mains pures, sans colère ni mauvaises pensées » (1 Timothée 2: 8) ;

 

chez Pierre :

 

« Ayant purifié vos âmes en obéissant à la vérité pour avoir un amour fraternel sincère, aimez-vous ardemment les uns les autres, de tout votre cœur » (1 Pierre 1: 22) ;

 

et surtout dans le Psaume 24, aux versets 3 et 4 :

 

« Qui pourra monter à la montagne de l’Éternel?

Qui s’ élèvera jusqu’à son lieu saint?

Celui qui a les mains innocentes et le cœur pur ».

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Il nous semble presque certain que Jacques évoque ces paroles du Psaume. (Voir aussi 1 Jean 3: 2, 3.)

 

L’exhortation de Jacques, c’est donc essentiellement un appel à la repentance, à un changement d’attitude de la part de ses lecteurs (ou de quelques-uns parmi eux) :

 

« Sentez votre misère ; soyez dans le deuil et dans les larmes ; que votre rire se change en deuil, et votre joie en tristesse » (Jacques 4: 9)

 

exhortation à une affliction sincère de l’esprit, à l’instar de celle d’Ésaïe 22: 12 et de celle que Joël a prophétisée (2: 12-14) ; affliction qualifiée par Jésus de source de consolation et de paix (Matthieu 5: 4) :

 

« Heureux les affligés car ils seront consolés ! ».

 

Le rire et la joie dont Jacques parle sont, bien entendu, ceux qui proviennent de la gaieté folle et inconsidérée, condamnée par Ésaïe (22: 12,13) :

 

« Le Seigneur, l’Éternel des armées, vous appelle en ce jour

A pleurer et à vous frapper la poitrine,

A vous raser la tête et à ceindre le sac.

Et voici de la gaieté et de la joie !

On égorge des bœufs et l’on tue des brebis,

On mange de la viande et l’on boit du vin :

Mangeons et buvons, car demain nous mourrons ! ».

 

(Voir aussi Amos 8: 10 ; Luc 6: 25.) L’attitude que Jacques exhorte ses lecteurs à prendre, c’est justement celle du publicain dans la parabole de Jésus (Luc 18: 9-14) : il

 

« n’osait même pas lever les yeux au ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : Ô Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur ».

 

Quelle est la distinction essentielle dans cette parabole entre l’attitude du pharisien et celle du publicain ? Évidemment que celui-là était plein d’orgueil, se croyant juste, tandis que celui-ci était vraiment humble, se reconnaissant pécheur. Or, l’humilité est la base de toute vraie repentance ;

 

ainsi Jacques revient dans le verset 10 à la pensée avec laquelle il a commencé son exhortation — à la nécessité de l’humilité :

 

« Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera ».

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Il est intéressant de remarquer les parallèles étroits entre le langage de Jacques et celui de Pierre (comparez, par exemple Jacques 1: 18-21 avec 1 Pierre 1: 25 et 2: 3) ; constatons ici que Pierre reproduit dans sa première lettre (5: 5, 6) presque exactement le langage de Jacques 4: 6-10 :

 

« Et tous, dans vos rapports mutuels, revêtez-vous d’humilité ; car

Dieu résiste aux orgueilleux,

Mais il fait grâce aux humbles.

Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu’il

vous élève au temps convenable »

(1 Pierre 5: 5, 6).

 

C’est un principe souvent réitéré dans l’Écriture, que l’élévation et la gloire proviennent de l’humilité : « L’humilité précède la gloire » , dit le proverbe (Proverbes 15: 33 ; 18: 12) ; et encore (Proverbes 22: 4) :

 

« Le fruit de l’humilité, de la crainte de l’Éternel,

C’est la richesse, la gloire et la vie ».

 

Jésus a plusieurs fois déclaré que

 

« quiconque s’élèvera sera abaisse, et quiconque s’abaissera sera élevé » (voir, par exemple, Matthieu 23: 12).

 

Aux Philippiens, Paul explique comment ce principe s’est manifesté dans l’expérience de Jésus :

 

« Il a paru comme un vrai homme, il s’est humilie lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom » (Philippiens 2: 7-9).

 

Et l’apôtre nous exhorte :

 

« Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ » (Philippiens 2: 5).

 

Si nous voulons devenir participants de la gloire de Jésus, nous devrions faire bien attention à cette exhortation.

 

« Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera ».

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