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L’Épître de Jacques


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14 La médisance et la parole présomptueuse (4: 11-17)

 

Dans ces versets Jacques revient à la condamnation d’un péché habituel chez ses lecteurs, et, en effet, chez toute l’humanité — c’est-à-dire, le mauvais usage de la langue. Il vient de parler de l’irrésolution et de l’humilité ; et les deux erreurs qu’il va condamner proviennent justement de l’irrésolution et du manque d’humilité.

 

D’abord il traite de la médisance et de la calomnie :

 

« Ne parlez point mal les uns des autres, frères. Celui qui parle mal d’un frère, ou qui juge son frère, parle mal de la loi et juge la loi. Or, si tu juges la loi, tu n’es pas observateur de la loi, mais tu es un juge » (Jacques 4: 11).

 

La médisance et la calomnie sont parmi les caractéristiques du païen non régénéré, tares que le chrétien doit fuir (Romains 1: 30 ; Colossiens 3: 8) ; infirmités, d’ailleurs, condamnées par la loi royale (Jacques 2: 8) qui nous ordonne d’aimer notre prochain comme nous-mêmes. Aux Israélites Dieu a commandé par Moïse :

 

« Tu ne répandras point de calomnies parmi ton peuple... Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19: 16-18).

 

Et comme nous l’avons déjà vu (Chapitre 8) Jésus a confirmé ce commandement, le rendant obligatoire pour tout chrétien. La médisance paraît très souvent sous la forme de jugements précipités et inconsidérés sur nos prochains ; comme le dit Jacques, on « juge son frère ». A ce propos Jésus déclare (Matthieu 7: 1-3) :

 

« Ne jugez point, afin que vous ne soyez pas jugés. Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez. Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? »

 

Pour deux raisons nous ne devrions pas répandre des jugements calomnieux ou peu charitables au sujet de nos prochains : la première, à laquelle Jésus fait allusion ici, c’est que nous péchons tous de plusieurs manières et il ne nous est point convenable d’attirer l’attention sur les défauts, ou réels ou imaginés, d’autrui. Paul dit aux Juifs à Rome (Romains 2: 1) :

 

« Ô homme, qui que tu sois, toi qui juges, tu es donc inexcusable ; car, en jugeant les autres, tu te condamnes toi-même, puisque toi qui juges, tu fais les mêmes choses ».

 

Nul homme, en effet, n’a le droit de condamner les autres ; voilà une fonction qui n’appartient qu’à Dieu seul, à celui qui seul est juste et sait juger avec justice. Et voici la seconde raison pour laquelle l’Écriture condamne la médisance : celui qui parle mal de son prochain, dit Jacques, ou qui juge son prochain, parle mal, implicitement, de la loi qui condamne la médisance ; il juge la loi. Il cesse, en effet, d’être observateur de la loi et en devient juge. Ainsi il s’arroge, à lui-même, les fonctions de législateur et de juge qui appartiennent à Dieu seul — espèce d’erreur qui indique un manque total d’humilité :

 

« Un seul est législateur et juge, c’est celui qui peut sauver et perdre ; mais toi, qui est-tu, qui juges le prochain ? » (Jacques 4: 12).

 

Jésus nous rappelle le pouvoir du jugement de Dieu (Matthieu 10: 28) :

 

« Ne craignez pas pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne ».

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Et Ésaïe dit (Ésaïe 33: 22) :

 

« Car l’Éternel est notre juge, L’Éternel est notre législateur, L’Éternel est notre roi ; C’est lui qui nous sauve »

 

— déclaration citée très clairement dans les paroles par lesquelles Jacques condamne la médisance et le jugement humain. Paul écrit aux Corinthiens (1 Corinthiens 4: 3-5) :

 

« Pour moi, il m’importe fort peu d’être juge par vous, ou par un tribunal humain... Celui qui me juge, c’est le Seigneur. C’est pourquoi ne jugez de rien avant le temps, jusqu’à ce que vienne le Seigneur, qui mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et qui manifestera les desseins des cœurs. Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due ».

 

C’est là une attitude sage et rangée que tout chrétien devrait cultiver assidûment.

 

La seconde erreur dans l’usage de la langue que Jacques condamne dans ces versets, c’est la parole présomptueuse :

 

« A vous maintenant, qui dites : Aujourd’hui ou demain nous irons dans telle ville, nous y passerons une année, nous trafiquerons et nous gagnerons » (Jacques 4: 13).

 

— Erreur, celle-ci, qui montre non seulement un manque d’humilité, mais aussi l’irrésolution. Car, d’abord, il est bien évident qu’il s’agit ici des frères qui s’occupaient trop de projets matériels : « nous trafiquerons, et nous gagnerons »

 

— préoccupation tout à fait naturel chez les Juifs dispersés, et dont nous pouvons tous être plus ou moins coupables ; mais préoccupation condamnée néanmoins dans l’Écriture comme manque de foi. Jésus nous dit de ne pas nous inquiéter du lendemain (Matthieu 6: 25-34) et ce commandement suit de près son avertissement contre l’irrésolution (verset 24) :

 

« Nul ne peut servir deux maîtres ... Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon ».

 

Les paroles de Jacques nous rappellent aussi la parabole de l’homme riche (Luc 12: 15-21) :

 

« Les terres d’un homme riche avaient beaucoup rapporté. Et il raisonnait en lui-même, disant : Que ferai-je ? car je n’ai pas de place pour rentrer ma récolte. Voici, dit-il, ce que je ferai : j’abattrai mes greniers, j’en bâtirai de plus grands, j’y amasserai toute ma récolte et tous mes biens ; et je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour plusieurs années ; repose-toi, mange, bois et te réjouis. Mais Dieu lui dit : Insensé ! cette nuit même ton âme te sera redemandée ; et ce que tu as préparé, pour qui sera-ce ? Il en est ainsi de celui qui amasse des trésors pour lui-même, et qui n’est pas riche pour Dieu »

 

La parabole de Jésus, de même que l’exhortation de Jacques, attire l’attention sur un autre aspect de cette erreur : les paroles de l’homme riche aussi bien que celles de l’homme à qui Jacques s’adresse, indiquent un manque total d’humilité : il n’est pas convenable de parler dogmatiquement de ce que l’on fera demain — voilà de la présomption, de l’arrogance : car c’est Dieu seul qui sait ce qui va arriver à l’avenir :

 

« Vous... ne savez pas ce qui arrivera demain ! car, qu’est-ce que votre vie ? vous êtes un vapeur qui paraît pour un peu de temps, et qui ensuite disparaît » (Jacques 4: 14).

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L’Écriture parle souvent de la courte durée et de l’incertitude de la vie humaine (voir Jacques 1: 10), employant souvent la métaphore de la vapeur, du souffle. Job se plaint de ce que sa vie est un souffle (7: 7) ; le psalmiste déclare que ses jours « s’évanouissent en fumée » (Psaume 102:4), et que

 

« L’homme est semblable à un souffle, Ses jours sont comme l’ombre qui passe » (Psaume 144: 4).

 

Quelle folie, alors, de parler avec présomption de ce que nous allons faire à l’avenir, même un avenir tout proche.

 

« Ne te vante pas du lendemain, »

 

dit le proverbe (27: 1) auquel Jacques paraît vouloir nous renvoyer, « Car tu ne sais pas ce qu’un jour peut enfanter ».

 

Comment, donc, devrions-nous parler de ce que nous comptons faire à l’avenir?

 

« Vous devriez dire..., Si Dieu le veut, nous vivrons, et nous ferons ceci ou cela » (Jacques 4: 15).

 

Notons l’exemple de Paul à cet égard. Lorsqu’il était de passage à Éphèse, en route pour Jérusalem, on l’a prié de prolonger son séjour. Mais (Actes 18: 21)

 

« il n’y consentit point, et il prit congé d’eux, en disant : Il faut absolument que je célèbre la fêle prochaine à Jérusalem. Je reviendrai vers vous, si Dieu le veut ».

 

Aux Corinthiens il a écrit (1 Corinthiens 4: 19) :

 

« J’irai bientôt chez vous, si c’est la volonté du Seigneur » ;

 

et plus tard (16: 7) :

 

« Je ne veux pas cette fois vous voir en passant, mais j’espère demeurer quelque temps auprès de vous, si le Seigneur le permet »

 

Aux Hébreux il a déclaré (6: 1-3) :

 

« Laissant les éléments de la parole de Christ, tendons à ce qui est parfait, sans poser de nouveau le fondement du renoncement aux œuvres mortes, de la foi en Dieu... C’est ce que nous ferons, si Dieu le permet ».

 

Il est donc essentiel que le chrétien se rende compte de la volonté du Seigneur dans toutes ses actions et dans toutes ses intentions. En pensant et en parlant présomptueusement, dit Jacques (verset 16), nous nous glorifions dans nos pensées orgueilleuses.

 

« C’est chose mauvaise que de se glorifier de la sorte. »

 

Et Jacques termine cette section de sa lettre en soulignant la responsabilité grave qui incombait à ses lecteurs : ils reconnaissaient, tout au moins théoriquement, la courte durée de la vie de l’homme et l’incertitude de son avenir, mais cette connaissance n’exerçait aucun effet ni sur leurs pensées ni sur leurs paroles. Mais connaître la vérité, c’est devenir responsable devant Dieu. Jésus dit, à l’égard de ceux qui le rejetaient (Jean 15: 22) :

 

« Si je n’étais pas venu et que je ne leur aie point parlé, ils n’auraient pas de péché ; mais maintenant ils n’ont aucune excuse de leur péché ».

 

Et Jacques de son côté (verset 17) :

 

« Celui donc qui sait faire ce qui est bien, et qui ne le fait pas commet un péché ».

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15 Les mauvais riches (5: 1-6)

 

Dans le chapitre précédent nous avons noté qu’en condamnant la parole présomptueuse Jacques pense surtout à ceux qui se préoccupaient de projets matériels et commerciaux. Nous trouvons donc tout à fait naturel qu’il s’adresse ensuite aux riches parmi ses lecteurs, condamnant ceux d’entre eux qui amassaient des trésors et qui se conduisaient d’une manière oppressive et tyrannique. En les avertissant du jugement qui les menace il fait usage d’un langage tout à fait caractéristique des prophètes de l’Ancien Testament, langage fort grave et solennel :

 

« A vous maintenant, riches ! Pleurez et gémissez, à cause des malheurs qui viendront sur vous » (Jacques 5: 1).

 

Ce mot « viendront » signifie dans le grec une approche imminente et soudaine : les malheurs étaient à la porte.

 

Jacques a déjà parlé (1: 9-11) de la nature passagère des richesses, et les Proverbes nous indiquent leur futilité au jour du jugement :

 

« Au jour de la colère, la richesse ne sert à rien ;

Mais la justice délivre de la mort ...

Celui qui se confie dans ses richesses tombera,

Mais les justes verdiront comme le feuillage »

(Proverbes 11:4,28).

 

Jésus a souvent condamné la tendance, fort naturelle chez les hommes, de se confier dans les richesses terrestres :

 

« Malheur à vous, riches, car vous avez votre consolation ! Malheur à vous qui êtes rassasiés, car vous aurez faim ! Malheur à vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et dans les larmes ! » (Luc 6: 24,25).

 

On peut, si l’on veut, amasser des trésors et vivre dans les délices sur la terre ; mais dans ce cas notre prospérité se borne au présent : l’avenir ne nous promet rien ; nous avons déjà notre consolation !

 

« Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent ; mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où la teigne et la rouille ne détruisent point, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent » (Matthieu 6: 19, 20).

 

C’est à ces paroles que Jacques fait évidemment allusion en avertissant les riches parmi ses lecteurs de l’arrivée du jour de la teigne et de la rouille (versets 2 et 3) :

 

« Vos richesses sont pourries, et vos vêtements sont rongés par les teignes. Votre or et votre argent sont rouillés ; et leur rouille s’élèvera en témoignage contre vous, et dévorera vos chairs comme un feu ».

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Dans le jugement qui venait sur les mauvais riches, la rouille de leurs trésors témoignerait, d’abord, la confiance qu’ils avaient eue dans les richesses terrestres ; témoignerait aussi, en démontrant la nature passagère de ces richesses, leur erreur en les amassant ; ainsi ce témoignage entraînerait leur condamnation et leur destruction, dévorant leur chair « comme un feu » — similitude qui nous rappelle les paroles de Jésus (Marc 9: 43-46) sur le feu de la géhenne « qui ne s’éteint point » (voir Chapitre 10).

 

Il y avait une profonde ironie dans la situation des mauvais riches : à l’instar de l’homme riche dans la parabole de Luc (voir Chapitre 14) ils se préoccupaient d’amasser des trésors au jour même de leur jugement :

 

« Vous avez amassé des trésors dans les derniers jours » (Jacques 5: 3)

 

— expression qui se rapporte surtout à la génération qui verra le retour du Seigneur, mais qui peut se dire aussi de l’époque qui a commencé par la première venue de Jésus et qui a été terminée par la destruction de Jérusalem en l’an 70 : époque, surtout pendant sa dernière partie, de jugement sur le monde juif et de persécution pour les chrétiens. Plusieurs années après Jacques, Pierre écrit :

 

« C’est le moment où le jugement va commencer par la maison de Dieu. or, si c’est par nous qu’il commence, quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de Dieu? » (1 Pierre 4: 17-19).

 

— Époque, donc, où les mauvais riches allaient voir très clairement la folie de leur confiance dans les richesses terrestres.

 

Mais les riches ne s’en tenaient pas à trop se préoccuper de leurs trésors passagers ; ils employaient en outre le pouvoir qui en provenaient pour opprimer ceux qui dépendaient d’eux :

 

« Voici, le salaire des ouvriers qui ont moissonné dans vos champs, et dont vous les avez frustrés, crie » (Jacques 5:4).

 

Voilà une erreur de très vieille date parmi les Juifs, et qui pouvait très bien continuer à se manifester parmi eux après leur conversion ; erreur, cependant, condamnée avec force par la loi royale :

 

« Tu n’opprimeras point ton prochain, et tu ne raviras rien par violence. Tu ne retiendras point jusqu’au lendemain le salaire du mercenaire [...] Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19: 13,18).

 

« Tu n’opprimeras point le mercenaire, pauvre et indigent, qu’il soit l’un de tes frères, ou l’un des étrangers demeurant dans le pays, dans tes portes. Tu lui donneras le salaire de sa journée avant le coucher du soleil ; car il est pauvre, et il lui tarde de le recevoir. Sans cela, il crierait à l’Éternel contre toi, et tu te chargerais d’un péché » (Deutéronome 24: 14,15).

 

L’on voit que les riches auxquels Jacques écrivait étaient coupables de ce péché, et qu’il fait allusion aux paroles de Dieu dans Deutéronome 24 en disant que le salaire des ouvriers « crie », et, ensuite, que « les cris des moissonneurs sont parvenus jusqu’aux oreilles du Seigneur des armées » (Jacques 5: 4). Cette expression, « le Seigneur des armées », indique aussi une liaison étroite avec les paroles du prophète Malachie, qui l’emploie vingt-trois fois, et notamment dans le chapitre 3 (verset 5) en faisant allusion à l’oppression des pauvres :

 

« Je m’approcherai de vous pour le jugement,

Et je me hâterai de témoigner contre les enchanteurs et les adultères,

Contre ceux qui jurent faussement,

Contre ceux qui retiennent le salaire du mercenaire,

Qui oppriment la veuve et l’orphelin,

Qui font tort à l’étranger, et ne me craignent pas,

Dit l’Éternel des armées»

(voir aussi Jérémie 22: 13).

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Ce passage contient une grande consolation pour les opprimés, mais un avertissement sévère pour les mauvais riches, vu que les cris des moissonneurs étaient arrivés aux oreilles du Dieu qui est toujours attentif aux cris des justes (Psaume 34: 16), aux oreilles de cet Éternel des armées qui est toujours actif dans l’intérêt de ceux qui l’aiment.

 

Dans le verset 4, c’est l’injustice des riches que Jacques condamne ; dans le verset 5 il condamne leur indulgence égoïste qui présentait un contraste frappant avec la misère des pauvres qui dépendaient d’eux :

 

« Vous avez vécu sur la terre dans les voluptés et dans les délices » ;

 

et de nouveau il souligne l’ironie de leur attitude, vu qu’ils s’abandonnaient à ces délices dans le jour même de leur destruction :

 

« Vous avez rassasié vos cœurs au jour du carnage ».

 

L’injustice, l’intempérance — et enfin la condamnation et le meurtre du juste :

 

« Vous avez condamné, vous avez tué le juste, qui ne vous a pas résisté » (verset 6).

 

Le juste, c’est le représentant de ceux parmi les lecteurs de Jacques qui essayaient ardemment d’obéir aux commandements du Maître, et qui pouvaient encourir à plusieurs reprises et pour plusieurs raisons la colère des riches — classe qui comprenait certainement les ouvriers du verset 4. L’allusion à la condamnation du juste nous rappelle ce que Jacques a déjà écrit à ce propos dans le chapitre 2 (verset 6) :

 

« N’est-ce pas les riches qui vous oppriment, et qui vous traînent devant les tribunaux ? »

 

et nous pouvons très bien imaginer comment les oppressions auxquelles les pauvres étaient assujettis pouvaient entraîner leur mort. Mais en dépit de toute provocation le juste restera fidèle au commandement de Jésus (Matt. 5: 39-45) :

 

« Je vous dis de ne pas résister au méchant. [...] Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les deux ».

 

D’ailleurs le juste se souvenait de l’exemple de son Maître, de celui qui, « injurié, ne rendait point d’injures, maltraité, ne faisait point de menaces, mais s’en remettait à celui qui juge justement »

(1 Pierre 2: 23).

 

Ainsi, suivant le commandement et l’exemple de Jésus, le juste ne résistait pas aux oppressions du riche. Il se confiait au Seigneur des armées, sachant bien qu’en fin de compte il serait plus que vainqueur par celui qui l’aimait.

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16 La patience (5: 7-11)

 

Après avoir condamné, dans les versets 1 à 6, les oppressions pratiqués par les frères riches, Jacques passe dans les versets suivants à l’encouragement de leurs victimes ; suivant l’enseignement et l’exemple de leur Maître, ils n’avaient pas résisté à ceux qui les opprimaient (Jacques 5: 6), et Jacques les exhorte à supporter toujours leurs maux avec patience. Il va sans dire que l’exhortation a une valeur, non seulement pour les justes opprimés auxquels Jacques l’a adressée principalement, mais pour nous tous qui voulons nous montrer en vérité les enfants de Dieu.

 

« Soyez donc patients, frères, jusqu’à l’avènement du Seigneur » (Jacques 5: 7) :

 

Paul (Romains 2: 4) et Pierre (I Pierre 3: 20) nous signalent la patience que montre Dieu envers les hommes pécheurs et sans mérite ; nous aussi, donc, si nous sommes vraiment enfants de Dieu, nous serons patients envers les autres — même envers ceux qui nous haïssent et qui nous persécutent ; ce n’est qu’ainsi que nous nous manifesterons enfants de notre Père qui est dans les cieux.

 

Pour donner encore plus de force à son exhortation, Jacques fait allusion à la patience du laboureur qui attend les fruits de la terre — allusion à ceux qui moissonnent les champs (voir verset 4) :

 

« Voici, le laboureur attend le précieux fruit de la terre, prenant patience à son égard, jusqu’à ce qu’il ait reçu les pluies de la première et de l’arrière-saison » (verset 7).

 

Eux aussi, les disciples du Seigneur, attendaient l’arrivée sur la terre des fruits bien précieux de la justice et de la paix au retour de leur Maître. Les croyants aussi, de leur côté, doivent attendre avec patience :

 

« Vous aussi, soyez patients, affermissez vos cœurs, car l’avènement du Seigneur est proche » (verset 8).

 

« L’avènement du Seigneur est proche. » Il y a des liaisons étroites entre le langage de Jacques dans ces versets et les paroles de Jésus, sur la montagne des Oliviers, quand il parle de son avènement (comparez, par exemple, Matthieu 24: 9, 13 et Jacques 5: 11 ; Matthieu 24: 33 et Jacques 5: 9). Il faut noter bien que dans Matthieu 24 (et aussi dans Marc 13 et Luc 21) Jésus a parlé de deux avènements : d’un avènement définitif et visible lors de l’établissement du royaume de Dieu ; mais aussi, et tout d’abord, d’un avènement préliminaire et invisible pour juger Jérusalem (voir, par exemple, Matthieu 24: 14-21). Or, il est fort significatif que ce soit seulement dans les épîtres adressées aux églises d’origine juive que l’on trouve des déclarations, telle que celle de Jacques, que l’avènement du Seigneur est « proche » (voir, par exemple, Hébreux 10: 36, 37 et 1 Pierre 4: 7 ; comparez 2 Thessaloniciens 2: 1-4). Pour le monde païen l’avènement et le jugement du Seigneur restaient assez éloignés ; mais sur le monde juif viendrait bientôt le jugement prédit par Jésus dans Matthieu 24. C’est à ce jugement-ci que Jacques et Paul et Pierre font allusion lorsqu’ils écrivent aux églises d’origine juive que l’avènement du Seigneur est proche — avènement invisible qui a été manifesté dans la destruction de Jérusalem en l’an 70. Voici une ère de jugement sur les mauvais riches et sur d’autres gens pareils ; ère que les justes pouvaient accueillir comme celle de leur délivrance :

 

« Soyez patients, affermissez vos cœurs, car l’avènement du Seigneur est proche » (verset 8).

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Quelquefois on est assez maître de soi pour ne pas résister à ceux qui nous persécutent, mais on ne peut pas en même temps s’empêcher de murmurer contre eux. Mais murmurer contre un autre, se plaindre l’un de l’autre, c’est juger l’autre ; c’est s’arroger à soi-même la fonction de juge qui appartient, comme nous l’avons déjà vu (Jacques 4: 11, 12 — chapitre 14), à Dieu seul.

 

« Ne vous plaignez pas les uns des autres, frères, afin que vous ne soyez pas jugés » (verset 9).

 

Voilà une leçon bien difficile à mettre en pratique ; mais au moment même de la provocation la plus sévère, nous devons nous souvenir toujours de notre propre besoin de miséricorde et de pardon. En nous appelant, Dieu s’est montré patient et miséricordieux envers nous, même en l’absence de tout mérite de notre part ; si nous voulons nous montrer Ses enfants, nous devons être patients aussi — même envers ceux qui ne paraissent pas le mériter. Cela implique que nous ne devrions pas nous plaindre d’eux, que dans ce cas, comme dans tout autre, il faut tenir la langue en bride (voir 1: 26 ; 3: 1-12), à plus forte raison parce que pour nous, comme pour les lecteurs de Jacques, « le juge est à la porte ».

 

Pour encourager encore davantage les justes, Jacques leur rappelle la patience qu’avaient montrée les prophètes au milieu de leurs tribulations :

 

« Prenez, mes frères, pour modèles de souffrance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur » (verset 10) ;

 

exhortation qui rappelle l’allusion de Paul (Hébreux 11: 36-38) aux souffrances des prophètes qui, par la foi,

 

« subirent les moqueries et le fouet, les chaînes et la prison ; ils furent lapidés, scies, torturés ; ils moururent tués par l’épée ; ils allèrent çà et là, vêtus de peaux de brebis et de peaux de chèvres, dénués de tout, persécutés, maltraités [...] errants dans les déserts et tes montagnes, dans les cavernes et les antres de la terre ».

 

« Voici (dit Jacques, verset 11), nous disons bienheureux ceux qui ont souffert patiemment » ;

 

paroles qui évoquent vivement l’exhortation du chapitre 1, verset 12 :

 

« Heureux l’homme qui supporte patiemment la tentation ; car, après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment »,

 

Pour terminer son exhortation sur la patience, Jacques évoque la patience de Job devant les tribulations qui l’affligeaient. « Maudis Dieu et meurs ! » lui a dit sa femme ; mais Job de répondre:

 

« L’Éternel a donné, et l’Éternel a ôté ; que le nom de l’Éternel soit béni! [...] Quoi ! nous recevons de Dieu le bien, et nous ne recevrions pas aussi le mal ! En tout cela (déclare l’Écriture), Job ne pécha point par ses lèvres » (Job 1: 21 ; 2: 9, 10).

 

Et même devant les provocations de ses amis, Job a longtemps montré de la patience ; et enfin il a goûté la miséricorde et la compassion grâce à la fin que le Seigneur lui a accordée, fin qui amenait la purification de son caractère et sa bénédiction matérielle :

 

« Vous avez entendu parler de la patience de Job, et vous avez vu la fin que le Seigneur lui accorda, car le Seigneur est plein de miséricorde et de compassion » (Jacques 5: 11).

 

Consolation suprême que celle de savoir, même au milieu des souffrances les plus sévères, même à l’heure des provocations les plus aiguës, que par ces mêmes tentations Dieu accomplit pour nous notre salut éternel. Ainsi nous revenons sur nos pas pour apprécier de nouveau la force de la première exhortation que Jacques nous a adressée ( 1: 2-4) :

 

« Mes frères, regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience. Mais il faut que la patience accomplisse parfaitement son œuvre, afin que vous soyez parfaits et accomplis, sans faillir en rien ».

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17 Exhortations diverses (5: 12-20)

 

L’épître de Jacques se termine par quelques exhortations sur des sujets divers ; et d’abord (chapitre 5, verset 12) Jacques traite d’un nouvel abus de la langue :

 

« Avant toutes choses, mes frères, ne jurez ni par le ciel, ni par la terre, ni par aucun autre serment. Mais que votre oui soit oui, et que votre non soit non, afin que vous ne tombiez pas sous le jugement. »

 

Nous avons noté plusieurs fois que Jacques se montre très au courant du sermon de Jésus sur la montagne, et dans ce verset nous avons une citation manifeste de ce sermon (Matthieu 5: 33-37). Jacques se borne à répéter le commandement, tandis que Jésus ajoute la raison qui est au fond du commandement :

 

« Je vous dis de ne jurer aucunement, ni par le ciel, parce que c’est le trône de Dieu ; ni par la terre, parce que c’est son marchepied ; ni par Jérusalem, parce que c’est la ville du grand roi. Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux rendre blanc ou noir un seul cheveu. Que votre parole soit oui, oui, non, non ; ce qu’on y ajoute vient du malin. »

 

Exhortation à témoigner une modération circonspecte dans l’usage de la langue.

 

« Quelqu’un parmi vous est-il dans la souffrance ? Qu’il prie. Quelqu’un est-il dans la joie ? Qu’il chante des cantiques » (Jacques 5: 13).

 

Adorer Dieu, tant par la prière que par les cantiques, c’est la meilleur expression de la souffrance comme de la joie. Dans la souffrance il ne nous convient pas de nous plaindre — ni des hommes ni de Dieu ; nous devons chercher auprès de Dieu la sagesse et la patience susceptibles de nous aider à persévérer jusqu’à la fin. Lorsque nous sommes heureux, il ne nous convient pas non plus de nous livrer à une gaieté déréglée et présomptueuse ; nous devons mettre en pratique le bon conseil de Paul aux Éphésiens (5: 19, 20) :

 

« Entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre cœur les louanges du Seigneur ; rendez continuellement grâces à Dieu le Père pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ. »

 

« Quelqu’un parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle les anciens de l’Église, et que les anciens prient pour lui, en l’oignant d’huile au nom du Seigneur ; la prière de la foi sauvera le malade, et le Seigneur le relèvera ; et s’il a commis des péchés, il lui sera pardonné » (Jacques 5: 14,15).

 

Pendant son ministère Jésus a guéri beaucoup de malades ; après son ascension il n’a pas cessé de faire des guérisons : seulement, il les a accomplies moins directement — par l’opération du saint-Esprit, en utilisant les apôtres et les anciens.

 

« Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre »,

 

a-t-il dit aux apôtres (Matthieu 28: 18, 20) ;

 

« Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. »

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Ainsi, le don des guérisons était l’un des pouvoirs de l’Esprit qui ont été donnés aux disciples de cette époque « pour l’utilité commune » (1 Corinthiens 12: 7- 11). Il est donc tout à fait naturelle que Jacques ordonne au malade d’appeler les anciens de l’Église, afin qu’ils prient pour lui, « en l’oignant d’huile au nom du Seigneur ». L’huile c’est le remède naturel souvent employé dans les pays orientaux pour soulager les blessures et pour guérir les malades. Nous nous souvenons tous du Samaritain qui a aidé l’homme battu par les brigands ; il lui a bandé les plaies « en y versant de l’huile et du vin » (Luc 10: 34 ; voir aussi Ésaïe 1: 6 ; Jérémie 8: 22, 46: 11). Pendant le ministère de Jésus les apôtres, envoyés par lui deux à deux pour prêcher la repentance, « oignaient d’huile beaucoup de malades et les guérissaient ». Il nous paraît clair que dans ces cas le pouvoir de Dieu, invoqué par les apôtres, a aidé et accéléré la guérison normale et orthodoxe (celle-ci n’étant malheureusement que trop souvent inefficace). Il en était ainsi chez les anciens auxquels Jacques fait allusion : ils oignaient le malade « au nom du Seigneur » ; ils priaient pour lui avec foi et sans douter ; et le pouvoir du Seigneur, invoqué par eux et agissant en eux par le Saint-Esprit, guérissait le malade — le Seigneur le relevait.

 

« Et s’il a commis des péchés, il lui sera pardonné. » Les maladies sont entrées dans le monde à cause du péché ; dans l’Écriture il y a souvent une liaison étroite entre les maladies et le péché (voir, par exemple, Jean 5: 14). Souvent un homme se trouve affligé d’une maladie justement à cause de son propre péché ; et il semble probable que les apôtres possédaient le pouvoir d’infliger sur un frère pécheur une maladie, ou même la mort, en guise de châtiment (voir, par exemple, Actes 5: 1-11 ; 1 Corinthiens 5: 4, 5 et 2 Corinthiens 2: 6-11 ; 1 Corinthiens 11: 27-34). Ce pouvoir est étroitement lié à celui que Jésus a donné aux apôtres avant son ascension (Jean 20: 23) :

 

« Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus ».

 

Ainsi Jacques, ayant assuré le malade de sa guérison physique, ajoute qu’au cas où la maladie soit associé avec le péché le pardon du péché accompagnera la guérison du corps. Tous les deux, l’apaisement du corps et celui de l’esprit, dépendent naturellement d’une attitude de foi et d’humilité chez le malade.

 

Entre la pensée des versets 14 et 15 et celle des versets 16-18, il y a une liaison étroite, liaison soulignée par le mot « donc » qui introduit ces

 

versets-ci :

 

« Confessez donc vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris ».

 

La reconnaissance et l’aveu franc du péché, la prière humble et sincère, voilà ce qui est nécessaire pour la guérison, tant de l’esprit que du corps affligé, celui-ci, à cause du péché. De cette pensée Jacques passe tout naturellement à une considération plus genérale de l’efficacité de la prière.

 

« La prière agissante du juste a une grande efficacité. Élie était un homme de la même nature que nous : il pria avec instance pour qu’il ne pleuve point, et il ne tomba point de pluie sur la terre pendant trois ans et six mois. Puis il pria de nouveau, et le ciel donna de la pluie, et la terre produisit son fruit » (versets 16-18).

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« La prière du juste » : il est essentiel de noter que Jacques ne parle pas ici de la justice absolue et sans tache ; en ce sens nul homme n’est juste, selon qu’il est écrit : « Il n’y a point de juste, pas même un seul » (Romains 3: 10). Néanmoins, Dieu impute la justice à l’homme qui croit en Lui, qui essaie de Lui plaire :

 

« Car que dit l’Écriture ? Abraham crut à Dieu, et cela lui fut

imputé à justice. [...] De même David exprime le bonheur de

l’homme à qui Dieu impute la justice sans les œuvres :

Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées,

Et dont les péchés sont couverts !

Heureux l’homme à qui le Seigneur n’impute pas son péché! »

(Romains 4: 6-8).

 

Ce n’est qu’en ce sens que l’homme peut être juste ; ce n’est qu’en ce sens qu’Élie lui-même était un homme juste. « Homme de la même nature que nous » ses prières avait une grande efficacité justement à cause de sa confiance absolue en Dieu. Et Jacques nous encourage en nous rappelant que ce qui est arrivé dans le cas d’Élie peut arriver aussi dans le nôtre si nous partageons sa confiance en Dieu. L’Ancien Testament ne fait pas une allusion explicite à la prière d’Élie, mais elle est implicite dans l’attitude supplicatoire de 1 Rois 18: 42:

 

« Élie monta au sommet du Carmel ; et. se penchant contre terre, il mit son visage entre ses genoux ».

 

« Mes frères, si quelqu’un parmi vous s’est égaré loin de la vérité, et qu’un autre l’y ramène, qu’il sache que celui qui ramènera un pécheur de la voie où il s’est égaré sauvera une âme de la mort et couvrira une multitude de péchés » (Jacques 5: 19, 20).

 

L’Écriture parle souvent de la vie du serviteur de Dieu sous la similitude d’une voie. « Tu me feras connaître le sentier de la vie », dit le Psalmiste (Psaume 16: 11) ; Jésus parle (Matthieu 7: 14) du chemin resserré qui mène à la vie ; et Pierre (2 Pierre 2: 2, 21) fait allusion à la « voie de la vérité » et à « la voie de la justice ». Pendant le premier siècle on parlait souvent du christianisme sous le nom de la Voie (voir, par exemple, Actes 9: 2 (marge) ; 19: 23 ; 24: 14). Pécher, c’est donc errer de la bonne voie :

 

« Telle voie paraît droite à un homme, Mais son issue, c’est la voie de la mort » (Proverbes 14: 12).

 

« Son issue, c’est la voie de la mort. » Jacques a donc raison de dire que celui qui ramène le pécheur de sa mauvaise voie a sauvé une âme de la mort, ayant couvert la multitude de ses péchés.

 

L’épître se termine d’une manière brusque et expressive, ce qui est d’ailleurs fort caractéristique de son auteur ; ce qui accorde aussi avec le caractère général d’une lettre adressée non à une seule église mais « aux douze tribus qui sont dans la dispersion ». Que Dieu bénisse nos méditations sur cette épître, afin que, recevant avec douceur la parole qui a été plantée en nous, nous la mettions en pratique pour le salut de nos âmes.

 

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http://www.christadelphes.fr/

http://www.lisezlabible.fr/

http://www.cbm.org.uk/france.htm

http://www.acbm.org.au/

 

CBMRLEpirureDeJacques.pdf

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