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L’Épître de Jacques


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L’Épître de Jacques

 

par

 

Neville Smart

 

Table des matières

 

1 Jacques : sa vie et son milieu

 

2 Adresse et salutation (1: 1)

 

3 Les épreuves (1: 2-12)

 

4 La tentation (1: 13-18)

 

5 La pratique de la Parole (1: 19-25)

 

6 La religion pure et sans tache (1: 26, 27)

 

7 L'acception de personnes (2: 1-7)

 

8 La Loi Royale (2: 8-13)

 

9 La Foi et les Œuvres (2: 14-26)

 

10 L'usage de la langue (3:1-12)

 

11 La douceur et la vraie sagesse (3: 13-18)

 

12 L'adultère spirituel (4: 1-6)

 

13 L'humilité précède la gloire (4: 7-10)

 

14 La médisance et la parole présomptueuse (4: 11-17)

 

15 Les mauvais riches (5; 1-6)

 

16 La patience (5: 7-11)

 

17 Exhortations diverses (5: 12-20)

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L’ÉPÎTRE DE JACQUES

 

1 Jacques : sa vie et son milieu

 

Il y a tout lieu de croire que l’auteur de l’épître de Jacques est le disciple auquel Paul fait allusion lorsqu’il parle aux Galates de « Jacques, le frère du Seigneur » (Galates 1: 19) ; c’est de lui qu’il est question dans les chapitres 15 et 21 des Actes. Cette idée est établie par plusieurs faits que nous passerons en revue plus tard.

 

L’Écriture nous parle peu de la jeunesse de Jacques, le frère du Seigneur. Mais nous trouvons dans les évangiles quelques indications sur les circonstances de sa vie et aussi sur son caractère.

 

Rapprochons d’abord Matthieu 13: 53-56 et Marc 6: 3. Chacun de ces passages nous donne une liste des quatre frères de Jésus. L’ordre des noms diffère dans les deux listes, mais tout de même on note que Jacques est en tête des deux — d’où l’on peut supposer qu’il était l’aîné des frères et qu’il avait le plus de personnalité.

 

Il est presque certain qu’il a accepté les idées strictement religieuses dans lesquelles ses parents l’avaient élevé. Autant qu’on puisse en juger par sa vie, il a témoigné d’un respect sincère et permanent pour la loi de Moïse. De plus il a dû posséder un esprit sagace et très pratique.

 

Au commencement du ministère de Jésus il a peut-être écouté son frère avec un certain intérêt (Jean 2: 11, 12) ; mais il est vite devenu sceptique au fur et à mesure que les paroles de Jésus lui paraissaient de plus en plus idéalistes et fantasques (Jean 7: 2-5). Il se peut en particulier que les critiques sévères faites par Jésus à l’égard de nombreuses traditions juives l’aient fâché. Ainsi, de même que ses frères cadets, il a mérité quelquefois le reproche de Jésus. Ce reproche est peut-être implicite dans Matthieu 12: 46-50 ; il est tout à fait explicite dans Jean 7: 2-9. L’attitude des frères est prévue dans Psaume 69: 9 — verset qui établit aussi que les frères de Jésus étaient les fils de Marie, non pas de quelque autre femme de Joseph.

 

Un homme tel que Jacques a dû considérer la mort de son frère avec quelque regret naturel mais aussi comme étant le résultat inévitable d’une conduite imprudente et provocatrice. Pour Jacques, comme pour Saul de Tarse, la conversion a été quelque chose de soudain : le Christ ressuscité, comme Paul le déclare (1 Corinthiens 15: 5-7), « est apparu à Céphas, puis au douze... Ensuite, il est apparu à Jacques ». Et pour Jacques, ainsi que pour Paul plus tard, la vue du Christ ressuscité a été tout à fait convaincante. Il paraît que ses frères aient subi une semblable expérience. En tout cas, nous les voyons tous réunis dans la chambre haute à Jérusalem après l’ascension de Jésus, persévérant dans la prière avec les apôtres, les femmes et Marie leur mère (Actes 1: 12-14).

 

Or, devant Dieu il n’y a point d’acception de personnes, et quoique Jacques fût « le frère du Seigneur » il n’avait aucun droit à une considération spéciale parmi les premiers disciples. Il n’y a pas prétendu ; il ne l’a pas cherchée. Dans le premier verset de son épître il se présente non pas comme « Jacques, le frère du Seigneur », mais comme « Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ ». Ainsi il reconnaît qu’il est essentiellement frère de Jésus selon l’esprit plutôt que selon la chair.

 

Dans les jours suivant sa conversion, Jacques, humilié et châtié par ses expériences, désirait sans doute avoir le temps de méditer et de réfléchir afin de pouvoir régler sa vie selon les exigences de sa nouvelle foi. Il n’est plus fait d’allusion à son sujet dans les premiers chapitres des Actes. Il se trouvait certainement parmi ceux dont on dit (Actes 2: 42-47) : « ...Ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le peuple ».

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Cependant, Jacques allait jouer un rôle important dans le développement de l’église du premier siècle. Il possédait un caractère qui le rendait particulièrement apte à conseiller et à diriger les disciples de son Seigneur. Sérieux, plein de zèle, renommé pour ses pratiques pieuses, sagace, courageux, franc mais plein de tact, tout à fait simple et sincère — voilà les qualités que l’on remarque dans son épître et dans ces passages (Actes 15 et 21) qui se rapportent à lui. Peu à peu, à cause de ces qualités, il jouait un rôle de plus en plus éminent dans les activités de l’église de Jérusalem. Lors de la première visite de Paul à Jérusalem il avait déjà gagné beaucoup d’importance (voir Actes 9: 26-30 et Galates 1: 18-20) ; lors de la deuxième visite de Paul (Actes 11:27-30; Galates 2:1,7-10) et de la mort de Jacques, fils de Zébédée (Actes 12: 1-7, 12-17), on le considérait avec Pierre et Jean comme colonne dans l’église ; à ce moment, il est évident, son autorité dans l’église de Jérusalem était très grande.

 

Mais l’autorité de Jacques ressort avec force surtout des récits d’Actes 15 et 21, rapportant deux conférences qui ont eu lieu à Jérusalem à cette époque. Dans le chapitre 14 des Actes on parle (verset 26) du retour de Paul et de Barnabas à Antioche après leur premier voyage de missionnaires, voyage remarquable surtout parce que les Juifs avaient rejeté la parole de Dieu, et que Paul et Barnabas s’étaient tournés vers les païens pour leur annoncer l’évangile (Actes 13: 44-49). Après leur retour à Antioche, « ils convoquèrent l’Église, et ils racontèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux nations la porte de la foi » (Actes 14: 27).

 

Mais pendant leur séjour à Antioche, quelques hommes sont venus de la Judée, enseignant les frères, « en disant : Si vous n’êtes circoncis selon le rite de Moïse, vous ne pouvez être sauvés » (Actes 15:1). On remarque ici un problème qui inquiétait beaucoup les frères à cette époque et qui devenait d’ailleurs un problème quasi général. Les chrétiens du premier siècle avaient été autrefois ou des Juifs circoncis ou des païens incirconcis. Parmi les Juifs convertis au christianisme il y en avaient qui soutenaient la nécessité d’observer les rites de Moïse même après le baptême, voilà la source de bon nombre de luttes et de divisions parmi les disciples de l’église primitive. Plusieurs épîtres traitent de ce problème. Ici, dans Actes 15, nous avons le compte rendu d’une conférence au cours de laquelle on a essayé de détruire l’influence de ces «judaïsants » et de trancher la question de façon définitive (versets 2-35).

 

La conférence commence avec une vive discussion ; puis Pierre se lève et déclare que « c’est par la grâce du Seigneur Jésus » que nous sommes tous sauvés, Juifs et païens. Barnabas et Paul racontent « tous les miracles et les prodiges que Dieu avait faits par eux au milieu des païens ». Enfin, Jacques prend la parole. Il est d’avis qu’il n’est pas nécessaire pour les païens convertis d’observer la loi de Moïse ; mais il profite de l’occasion pour les mettre en garde contre l’impudicité très répandue à cette époque parmi les païens, et il les encourage à s’abstenir des animaux étouffés et du sang pour ne pas blesser la conscience de ces frères juifs qui tenaient toujours à observer les coutumes de leurs pères sans s’y croire absolument astreints. On remarque que Paul expose le même principe dans Romains 14 et dans 1 Corinthiens 8.

 

Ce qui donnait encore plus d’autorité à l’avis de Jacques c’est que lui-même, selon toute probabilité, observait strictement les ordonnances de la loi. Toutes les traditions se rapportant à Jacques l’affirment ; et il y a quelques indications du même fait dans les Écritures, surtout dans Galates 2: 11,12. Donc, le respect de Jacques pour la loi de Moïse ne faisait aucun doute ; les judaïsants ne pouvaient ajuste titre éprouver aucune hostilité à son égard ; ils avaient même peut-être invoqué son exemple pour appuyer leur enseignement (Actes 15: 24).

 

En tout cas, il paraît certain que c’est Jacques qui a présidé la conférence de Jérusalem. C’est bien lui qui a clos la discussion et qui a formulé la proposition enfin adoptée par toute l’église (Actes 15: 22, 23). Il paraît tout aussi clair que c’est lui qui a rédigé la lettre contenant la proposition — chose qui paraît tout à fait naturelle, hypothèse d’ailleurs qu’appuie l’étude de son style.

 

C’est dans Actes 21: 17-26 que nous lisons le récit de la seconde conférence de Jérusalem. Ici il est question d’une démarche prudente pour tranquilliser la conscience des « milliers de Juifs » qui avaient cru, mais qui continuaient à être « zélés pour la loi ». Si le projet n’a pas réussi, ce n’était la faute ni de Jacques ni de l’église. Et encore une fois on voit l’autorité de Jacques : « Paul se rendit avec nous chez Jacques, et tous les anciens s’y réunirent » (v.18) — d’où il semble que Jacques ait de nouveau présidé la conférence.

 

Nous avons ainsi passé en revue certains aspects du caractère et de l’œuvre de « Jacques, le frère du Seigneur » — cet homme qui a dirigé l’église de Jérusalem au moment critique du développement de l’église primitive. Josèphe et d’autres historiens nous disent qu’il a été mis à mort par les Juifs plusieurs années avant la destruction de Jérusalem. 11 est permis de croire qu’il a été fortifié dans sa dernière épreuve par les paroles de consolation qu’il avaient employées autrefois pour encourager les douze tribus dispersées (Jacques 1: 12) :

 

« Heureux l’homme qui supporte patiemment la tentation ; car, après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment ».

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2 Adresse et salutation (1: 1)

 

L’épître de Jacques commence par une salutation dans laquelle l’auteur se présente comme « serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ ». Nous avons déjà noté ce fait : Il nous indique que Jacques ne veut pas insister sur sa parenté avec Jésus selon la chair — il est plutôt son frère et son serviteur selon l’esprit. Voici un bel exemple de l’humilité que pratique Jacques devant son Seigneur et parmi ses frères chrétiens. C’est une attitude essentiellement spirituelle qu’il manifeste.

 

Jacques adresse son épître « aux douze tribus qui sont dans la dispersion ». Nous savons bien que du temps des apôtres des milliers de Juifs étaient dispersés au loin dans tous les pays du monde ancien. Le jour de la Pentecôte « il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs, hommes pieux, de toutes les nations qui sont sous le ciel » (Actes 2: 1, 5). Ils se décrivaient (versets 9 et 10) comme « Partîtes, Mèdes, Élamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, ta Judée, la Cappadoce, le Pont, l’Asie, la Phrygie, la Pamphylie, l’Egypte, le territoire de la Libye voisine de Cyrène, et ceux qui sont venus de Rome, Juifs et prosélytes, Crétois et Arabes ». Après avoir entendu le discours de Pierre, beaucoup de ces Juifs de la dispersion ont été baptisés ; « et, en ce jour-là, le nombre des disciples augmenta d’environ trois mille âmes » (versets 37-41 ). Ils sont rentrés après quelque temps chez eux, pour prêcher la bonne nouvelle aux Juifs de la dispersion et pour établir des églises chrétiennes.

 

C’est surtout aux disciples de ces églises qu’a écrit Jacques. Persécutés sans doute par les Juifs qui ne croyaient pas (nous voyons dans les Actes que ces mêmes Juifs s’excitaient souvent contre les frères), ils avaient certainement besoin de l’encouragement de son épître ; il leur fallait aussi des avis sur la pratique de la vie chrétienne. Pour les frères juifs de la Judée une lettre de Jacques n’était point nécessaire ; il demeurait au milieu d’eux et pouvait leur donner en personne les conseils et les exhortations dont ils avaient besoin.

 

Quelle a été la date de la lettre ? Certainement Jacques l’a écrite ou avant ou longtemps après la première conférence de Jérusalem, car il n’est point question dans cette épître de l’attitude des frères juifs envers les frères païens; si ce problème avait inquiété les églises, Jacques en aurait sans doute traité. Nous supposons, donc, ou que la mauvaise influence des judaïsants ne s’était pas encore développée ou qu’elle s’était tout à fait dissipée. Cependant, dans ce dernier cas l’épître de Jacques serait d’une date beaucoup postérieure même à celle de l’épître aux Hébreux — ce qui est peu probable, eu égard aux coutumes et au point de vue nettement juifs des auditeurs de l’épître. Ainsi il nous paraît bien que Jacques a écrit son épître non longtemps après la mort de Jacques, fils de Zébédée, et de Hérode Agrippa (en l’an 44 environ — voir Actes 12: 1, 2, 20-23) ; et certainement quelques années avant la première conférence de Jérusalem, en l’an 50 environ. C’est-à-dire que Jacques écrivait « aux douze tribus qui sont dans la dispersion » lors du premier voyage missionnaire de Paul et de Barnabas. Nous verrons plus tard qu’il y a dans l’épître plusieurs versets qui revêtent une signification plus précise si nous agréons cette date.

 

« Jacques... aux douze tribus... salut ». Ce mot « salut » ne s’emploie qu’une seule autre fois dans tout le Nouveau Testament ; au commencement de la lettre envoyée « aux frères d’entre les païens », après la première conférence de Jérusalem (Actes 15: 23). C’est là une petite concordance qui nous aide à identifier le rédacteur de cette lettre-ci avec l’auteur de l’épître de Jacques.

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3 Les épreuves (1: 2-12)

 

« Mes frères, regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés... Heureux l’homme qui supporte patiemment la tentation » (Jacques 1: 2, 12).

 

Dans le Nouveau Testament le mot grec « peirasmon » s’emploie dans plusieurs sens : surtout il porte les significations d’épreuve et de tentation envers le mal. Naturellement nous devons toujours l’interpréter selon son contexte ; mais malheureusement nos versions françaises ne montrent aucune uniformité dans l’emploi des mots d’ « épreuve » et de « tentation » pour indiquer les diverses acceptions du grec. Il faut donc noter que dans ce chapitre, Segond nous donne « épreuve » dans le verset 2 et « tentation » dans le verset 12, quoique le contexte nous indique clairement que Jacques parle dans les deux versets d’épreuves, et qu’en effet il soutient dans tous les versets 2-12 une thèse continue au sujet de l’attitude chrétienne envers les épreuves. C’est cette thèse que nous allons maintenant examiner.

 

Que sont les épreuves ? Quel est leur rôle dans la vie chrétienne ? Les Écritures nous en parlent beaucoup, et nous indiquent que Dieu nous soumet de temps en temps aux influences du malheur et de la souffrance pour nous discipliner dans la justice, pour perfectionner notre caractère, surtout pour éprouver et consolider notre foi. Voilà pourquoi l’apôtre Paul encourage les Hébreux à supporter patiemment le châtiment de Dieu :

 

« Dieu nous châtie pour notre bien, afin que nous participions à sa sainteté » Hébreux 12: 5-10).

 

Or, les Écritures reconnaissent franchement que l’on ne peut regarder les malheurs et les souffrances eux-mêmes comme des expériences joyeuses : pas du tout. Mais, au milieu même des douleurs, l’enfant de Dieu peut ressentir une paix et une joie tout à fait inconnues du monde et qui proviennent de sa connaissance du but de ses souffrances. Dieu a promis à ceux qui L’aiment qu’ils deviendront « participants de la nature divine » (2 Pierre 1: 4). Pour hériter à l’avenir de cette grande et précieuse promesse, il faut absolument que dès maintenant nous essayions de développer en nous-mêmes des qualités divines — que nous dépouillions le vieil homme et ses œuvres et que nous revêtions

 

« l’homme nouveau, qui se renouvelle, dans la connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé » (Colossiens 3: 9, 10).

 

Or, le châtiment représenté par nos malheurs et nos souffrances est un des moyens dont Dieu se sert pour nous aider à faire mourir « ce qui, dans [nos] membres, est terrestre », et à nous attacher « aux choses d’en haut » (Colossiens 3: 5, 2).

 

C’est en pensant à ce fait que l’enfant de Dieu peut prendre courage et ressentir de la joie, même lorsqu’il se trouve exposé aux épreuves : il les regarde comme la prélude d’une participation à la nature divine :

 

« C’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu » Actes 14: 22).

 

Ainsi Paul écrit aux Hébreux (Hébreux 12: 11) :

 

« Il est vrai que tout châtiment semble d’abord un sujet de tristesse, et non de joie ; mais il produit plus tard pour ceux qui ont été ainsi exercés un fruit paisible de justice ».

 

Aux « étrangers et dispersés » dans l’Asie mineure, Pierre écrit :

 

« Par la puissance de Dieu [vous] êtes gardés par la foi pour le salut prêt à être révélé dans les derniers temps ! C’est là ce qui fait votre joie, quoique maintenant, puisqu’il le faut, vous soyez attristés pour un peu de temps par diverses épreuves, afin que l’épreuve de votre foi, plus précieuse que l’or périssable (qui cependant est éprouvé par le feu), ait pour résultat la louange, la gloire et l’honneur, lorsque Jésus-Christ apparaîtra. Vous l’aimez sans l’avoir vu, vous croyez en lui sans le voir encore, vous réjouissant d’une joie merveilleuse et glorieuse, parce que vous obtiendrez le salut de vos âmes pour prix de votre foi » (I Pierre 1: 5-9)

 

(voir aussi Matthieu 5: 11, 12 ; 2 Corinthiens 4: 16-18).

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C’est ce même principe qu’expose Jacques (1: 2-4) :

 

« Mes frères, regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience. Mais il faut que la patience accomplisse parfaitement son œuvre, afin que vous soyez parfaits et accomplis, sans faillir en rien ».

 

Nous avons déjà remarqué que les disciples parmi les douze tribus dispersées avaient certainement besoin de ce conseil de Jacques : ils éprouvaient de cruelles souffrances grâce aux persécutions des Juifs incroyants.

 

Cependant, ressentir et témoigner de la joie au milieu des épreuves n’est point naturel, n’est point facile : cette joie, nous l’avons noté, provient de la reconnaissance du but des épreuves ; et cette reconnaissance est l’effet d’une attitude essentiellement spirituelle envers la vie — d’une attitude qui s’occupe de l’avenir plutôt que du présent, qui regarde

 

« non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles ; car les choses visibles sont passagères, et les invisibles sont éternelles » (2 Corinthiens 4: 18).

 

Pour avoir ce point de vue nettement spirituel, nous devons nous débarrasser de la sagesse de ce monde et nous munir de la sagesse de Dieu. Comment faire cela ? Le précepte de Jacques est très simple et très précis — il faut chercher cette sagesse à sa source : il faut la demander à Dieu :

 

« Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans reproche, et elle lui sera donnée » (Jacques 1:5).

 

Mais Dieu impose une condition : si l’homme veut partager le don libre de la sagesse divine, il doit s’approcher de Dieu, de son côté, simplement, librement et sans réserve :

 

« Mais qu’il la demande avec foi, sans douter ; car celui qui doute est semblable au flot de la mer, agité par le vent et poussé de côté et d’autre » (verset 6).

 

Pendant sa jeunesse, Jacques avait certainement entendu souvent prêcher son frère ; ses préceptes et son langage nous rappellent fréquemment ceux de Jésus — et surtout ceux du sermon sur la montagne. Ce que Jacques dit ici nous rappelle les paroles de Jésus dans Matthieu 6: 24 :

 

« Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon ».

 

Souvent, en effet, nous prions Dieu avec une foi qui n’est que partielle, une foi partagée entre Dieu et nos intérêts mondains ; nous sommes irrésolus, inconstants dans nos voies :

 

« Qu’un tel homme ne s’imagine pas qu’il recevra quelque chose du Seigneur » (Jacques 1: 7,8).

 

Jacques revient à ces sujets de la sagesse divine et d’une foi divisée avec encore plus de force dans les chapitres 3 et 4. Sa préoccupation avec l’idée de la sagesse divine indique une liaison avec les Proverbes et l’Ecclésiaste, liaison qui ressort avec encore plus de force ailleurs dans la lettre.

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Quelle est la raison la plus fréquente d’une foi divisée ? Quel est le grand pouvoir qui séduit les enfants de Dieu de leur fidélité à Lui seul ? Ce sont les richesses, ou plutôt le désir et la recherche des richesses et ce que les richesses amènent à leur suite : ce sont surtout les richesses qui constituent le Mammon de ce monde. Mais l’enfant de Dieu doit reconnaître qu’en Christ les richesses ne font pas de différence :

 

« Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ » (Galates 3: 28).

 

Et voici une vérité qui est cause de réjouissance pour les disciples, tant riches que pauvres, qui veulent l’accepter. Le frère de condition humble, dit Jacques (1: 9), peut se glorifier « de son élévation » ; car en Christ il est devenu héritier des véritables richesses du royaume de Dieu :

 

« Écoutez, mes frères bien-aimés : Dieu n’a-t-il pas choisi les pauvres aux yeux du monde, pour qu’ils soient riches en la foi, et héritiers du royaume qu’il a promis à ceux qui l’aiment ? » (Jacques 2: 5).

 

Le frère riche, au contraire, peut se glorifier « de son humiliation » ; car en Christ il apprend que lui et ses richesses sont des choses passagères et fugitives, qu’il passera, avec ses richesses,

 

« comme la fleur de l’herbe. Le soleil s’est levé avec sa chaleur ardente, il a desséché l’herbe, sa fleur est tombée, et la beauté de son aspect a disparu : ainsi le riche se flétrira dans ses entreprises » (1: 10, 11).

 

En reconnaissant la nature transitoire de l’homme et de ses entreprises, le frère riche est poussé à amasser, comme son frère pauvre,

 

« des trésors dans le ciel, où la teigne et la rouille ne détruisent point, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent » (Matthieu 6: 20).

 

Ainsi, après avoir développé sa thèse sur les épreuves d’une manière assez détaillée, Jacques revient, dans le verset 12, à l’essentiel : comme dans les versets 2-4, il insiste ici sur la nécessité de supporter patiemment les épreuves auxquelles on est exposé. L’exhortation rappelle par le fond et par la forme les paroles de Jésus, et surtout les béatitudes de Matthieu 5 :

 

« Heureux l’homme qui supporte patiemment la tentation ; car, après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment » (1: 12).

 

Jésus parle souvent des tribulations qu’auront dû supporter ses disciples ; et il insiste toujours sur le fait que ce sera celui qui persévérera jusqu’à la fin qui sera sauvé (voir, par exemple, Marc 13: 13). Ce même principe ressort avec force dans l’Apocalypse (2: 10) :

 

« Ne crains pas ce que tu vas souffrir. Voici, le diable jettera quelques-uns d’entre vous en prison, afin que vous soyez éprouvés, et vous aurez une tribulation de dix jours. Sois fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la couronne de vie ».

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4 La tentation (1: 13-18)

 

« Heureux l’homme qui supporte patiemment la tentation... Que personne, lorsqu’il est tenté, ne dise : C’est Dieu qui me tente » (Jacques 1: 12, 13).

 

Dans le chapitre précedent nous avons noté que Segond aurait bien fait dans le verset 12 de traduire le mot grec de « peirasmon » par « épreuve » plutôt que par « tentation ». Il faut constater maintenant que son emploi du verbe « tenter » dans les versets 13 et 14 est tout à fait juste, car, en développant sa thèse, Jacques passe dans ces versets à un usage du mot grec tout particulier, tout spécial. Le contexte nous indique nettement qu’il aborde maintenant la question de la tentation, de la séduction du mal.

 

Dans les versets 2-12 Jacques a expliqué que l’enfant de Dieu devrait regarder les épreuves comme un des moyens dont son Père se sert pour l’instruire dans la justice, pour le rendre digne de participer à sa sainteté. Mais on peut néanmoins regarder les épreuves d’un point de vue tout différent, — du point de vue de l’homme qui n’arrive pas à résister fermement à l’adversité, de l’homme qui, au lieu d’être « exercé » par le châtiment de Dieu, succombe à la tentation et se détourne de la voie de la justice. Il arrive souvent qu’un tel homme ne veuille pas se reconnaître responsable de son erreur ; il cherche quelque autre personne à qui il peut l’attribuer ; et il ne trouve qu’une seule — c’est-à-dire Dieu. Ainsi il reproche à Dieu de l’avoir placé dans une situation difficile précisément pour l’induire en erreur : Dieu avait disposé les circonstances — donc le pécheur attribue la responsabilité de ses péchés à Dieu.

 

Voilà comment raisonne souvent l’homme charnel en justifiant ses péchés. Jacques réfute vigoureusement ce raisonnement, et démontre dans une métaphore nette et saisissante la vraie origine de la tentation :

 

« Que personne, lorsqu’il est tenté, ne dise : C’est Dieu qui me tente. Car Dieu ne peut être tenté par le mal, et il ne tente lui-même personne » (verset 13).

 

Dieu ne peut être l’auteur de la tentation : car, d’abord Il est Lui-même entièrement juste ; il n’y aucun mal en Lui ; ainsi Il ne peut être tenté par le mal, n’ayant en Lui aucune qualité qui puisse se prêter à la tentation. Ainsi, comme Il est toujours « un » (Galates 3: 20) et fidèle à Lui-même, il s’ensuit qu’Il « ne tente lui-même personne ». Dieu ne nous séduit point : Il ne nous pousse jamais à faire le mal.

 

D’où vient donc l’impulsion à succomber devant les épreuves ? D’où vient la tentation ?

 

« Chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise. Puis la convoitise, lorsqu’elle a conçu, enfante le péché ; et le péché, étant consommé, produit la mort » (versets 14, 15).

 

Remarquons d’abord que Jacques ne trouve l’origine de la tentation et du péché ni en Dieu, ni en un diable surnaturel et corporel, ni en aucun agent extérieur à l’homme, mais justement en l’homme lui-même. Les circonstances dans lesquelles l’homme se trouve ne peuvent être mauvaises en elles-mêmes ; elles ne fournissent aucune impulsion envers le mal ; l’impulsion s’explique plutôt par la convoitise qui demeure dans le cœur de l’homme et qui cède aux circonstances. C’est ce que dit aussi Jésus (Marc 7: 18-23) ;

 

« Rien de ce qui du dehors entre dans l’homme ne peut le souiller... Ce qui sort de l’homme, c’est ce qui souille l’homme. Car c’est du dedans, c’est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les débauches, les meurtres, les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans, et souillent l’homme ».

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Notons maintenant les détails de la métaphore frappante qu’emploie Jacques en exposant l’origine du péché... Elle est suggérée par les circonstances de l’enfantement. Il se peut bien que Jacques pense ici à la «femme étrangère » à laquelle les Proverbes font allusion (voir, par exemple, 2: 10-19 ; 5: 1-6 ; 7: 1-27). Salomon parle, dans le chapitre 7, de ce qu’il a vu de la fenêtre de sa maison : un garçon « dépourvu de sens » est abordé « par une femme ayant la mise d’une prostituée et la ruse dans le cœur

 

« Elle le séduisit à force de paroles,

Elle l’entraîna par ses lèvres doucereuses.

Il se mit tout à coup à la suivre,

Comme le bœuf qui va à la boucherie,

Comme un fou qu’on lie pour le châtier,

Jusqu’à ce qu’une flèche lui perce le foie,

Comme l’oiseau qui se précipite dans le filet,

Sans savoir que c’est au prix de sa vie »

(Proverbes 7: 6, 7, 10,21-23).

 

Et à ce propos Salomon nous exhorte à écouter les paroles de la sagesse divine :

 

« Que ton cœur ne se détourne pas vers les voies d’une telle femme,

Ne t’égare pas dans ses sentiers.

Car elle a fait tomber beaucoup de victimes,

Et ils sont nombreux, tous ceux qu’elle a tués.

Sa maison, c’est le chemin du séjour des morts :

Il descend vers les demeures de la mort »

(versets 24-27).

 

Cette femme étrangère, c’est le symbole de la séduction du mal, c’est la personnification de la convoitise qui habite dans le cœur humain, personnification que l’on retrouve chez Jacques (1: 14). Le garçon dépourvu de sens est d’abord abordé, puis séduit et entraîné par la femme étrangère, et c’est « au prix de sa vie », car « sa maison, c’est le chemin du séjour des morts ».

 

Il en est ainsi avec la convoitise : elle attire l’homme et l’amorce, l’entraîne à pécher, et ainsi produit la mort. « Car le salaire du péché, » comme écrit Paul en faisant usage d’une métaphore différente, « c’est la mort » (Romains 6: 23).

 

La métaphore de l’enfantement reste très en relief dans les versets 16-18. Dieu n’est point mauvais, dit Jacques, mais au contraire, Il est bon et juste. Loin d’être le Père de la tentation et du péché, Il est l’auteur de toute grâce excellente et de tout don parfait :

 

« Ne vous y trompez pas, mes frères bien-aimés : toute grâce excellente et tout don par fait descendent d’en haut » (versets 16, 17).

 

De Dieu nous tirons une inspiration tout à fait bonne. Il est le « Père des lumières » (verset 17) — de la lumière matérielle (voir Genèse 1: 3,4, 14-19), comme de la lumière spirituelle ; car c’est l’Éternel qui est notre « lumière et notre salut » (Psaume 27: 1), c’est la parole de Dieu

 

« qui est une lampe à [nos] pieds et une lumière sur [notre] sentier» (Psaume 119: 105).

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Dieu est donc le Père des lumières parce qu’Il en est le Créateur. Mais Il est aussi leur Père dans un autre sens : comme le soleil, vu de la terre, brille plus fort que tous les autres luminaires du ciel, ainsi Dieu est la plus éminente de toutes les lumières, matérielles et spirituelles, de l’univers. C’est la lumière essentielle du monde, habitant

 

« une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu ni ne peut voir ; à [Lui] appartiennent l’honneur et la puissance éternelle» (1 Timothée 6: 16).

 

La gloire du soleil et des étoiles n’est pas constante ; elle s’obscurcit de temps à autre, à cause de révolutions et rotations, à cause aussi des éclipses auxquelles ils sont sujets ; mais chez Dieu

 

« Il n’y a ni changement ni ombre de variation » (Jacques 1: 17).

 

Ces deux aspects du caractère de Dieu — Sa justice et Sa constance — fournissent ensemble une double garantie de Son attitude, et de Ses relations avec la race humaine. Il est juste, Il est constant : par conséquent Il est entièrement et toujours juste : Il est par Sa nature le Père de toute grâce excellente et de tout don parfait.

 

C’est la convoitise qui enfante le péché. L’œuvre de Dieu, c’est la justice, c’est la lumière ; et de plus

 

« Il nous a engendrés selon sa volonté, par la parole de vérité, afin que nous soyons en quelque sorte les prémices de ses créatures » (verset 18).

 

C’est Jésus qui dit :

 

« En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu... Si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne t’étonne pas que je t’aie dit : Il faut que vous naissiez de nouveau » (Jean 3: 3, 5-7).

 

Par cette renaissance nous devenons « enfants de Dieu », nés « non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu » (Jean 1: 12, 13) ; nous revêtons « l’homme nouveau, qui se renouvelle, dans la connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé » (Colossiens 3: 10). Loin de provoquer en nous de mauvaises pensées et de mauvaises actions, Dieu nous a engendrés pour participer à Sa propre nature divine et parfaite, pour être « en quelque sorte les prémices de ses créatures » (Jacques 1: 18).

 

« Les prémices de ses créatures » : voilà une métaphore tirée de la description, dans Lévitique 23, des trois grandes «fêtes de l’Éternel ». A propos de la première fête nous lisons (verset 10) :

 

« Quand vous serez entrés dans le pays que je vous donne, et que vous y ferez la moisson, vous apporterez au sacrificateur une gerbe, prémices de votre moisson ».

 

Lors de la deuxième fête les Israélites devaient apporter de leurs demeures :

 

« deux pains... ils seront faits avec deux dixièmes de fleur de farine, et cuits avec du levain : ce sont les prémices à l’Éternel » (Lévitique 23: 17).

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Il y avait donc deux sortes de prémices : le particulier (une gerbe), et la grande foule (de nombreuses gerbes représentées dans les deux pains) ; et ces prémices constituaient le prélude de la moisson complète de la troisième et dernière fête (versets 24-36). Or, la loi, c’est « une ombre des biens à venir » (Hébreux 10: 1), et nous trouvons dans 1 Corinthiens 15 l’explication de ces «fêtes de l’Eternel ». Paul écrit :

 

« Christ est ressuscité des morts, il est les prémices de ceux qui sont morts... Et comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ, mais chacun en son rang, Christ comme prémices, puis ceux qui appartiendront à Christ, lors de son avènement. Ensuite viendra la fin, quand il remettra le royaume à celui qui est Dieu et Père, après avoir détruit toute domination, toute autorité et toute puissance... afin que Dieu soit tout en tous » (1 Cor. 15: 20, 22-24, 28).

 

C’est donc Christ qui est la première gerbe annonciatrice ; ce sont « ceux qui appartiennent à Christ lors de son avènement » qui constituent les prémices nombreuses, Juifs et Grecs (deux pains), auxquelles pense Jacques quand il écrit que Dieu « nous a engendrés se!on sa volonté... afin que nous soyons en quelque sorte les prémices de ses créatures » (voir aussi Apocalypse 14: 1-5). Et ces prémices sont la garantie de la grande moisson lors de « la fin », quand Jésus « remettra le royaume à celui qui est Dieu et Père... afin que Dieu soit tout en tous » (voir Apocalypse 20: 1 à 21: 8).

 

L’instrument qu’emploie Dieu pour nous engendrer, nous, les prémices de ses créatures, c’est « la parole de vérité » qui renferme la sagesse divine, servant ainsi de lampe à nos pieds et de lumière sur notre sentier. Pierre écrit (1 Pierre 1: 23-25) :

 

« Vous avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu ».

 

Toute chair périt comme l’herbe, mais la parole du Seigneur, et ceux qu’elle régénère, demeurent éternellement.

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5 La pratique de la Parole (1: 19-25)

 

« Il nous a engendrés selon sa volonté, par la parole de vérité... Sachez-le, mes frères bien-aimés. Ainsi, que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère ; car la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu » (Jacques 1: 18-20).

 

C’est par la parole de vérité que Dieu nous a engendrés selon Sa volonté ; si nous voulons être en vérité « les prémices de ses créatures » il est donc absolument nécessaire que nous soyons « prompts à écouter » la parole ; c’est là le seul moyen d’apprendre quelles sont les œuvres de la chair dont nous devons nous débarrasser, et quels sont les fruits de l’Esprit que nous devons cultiver en nous-mêmes. Il faut, comme le dit Jacques plus tard (verset 21), qu’après notre renaissance par le baptême nous recevions avec douceur la parole qui a été plantée en nous.

 

Si nous sommes prompts à écouter la parole de Dieu, nous serons par conséquent « lents à parler » ; car la parole nous fait savoir que la langue, tout petit membre qu’elle est, se vante de grandes choses : « c’est le monde de l’iniquité » (3: 5-6). Dans son épître Jacques traite beaucoup des mauvais usages de la langue, de la nécessité de la tenir en bride (voir, par exemple 1: 26 ; 2: 12 ; 3: 1-12 ; 4: 11-17 ; 5: 12). Chez les Juifs c’était un trait caractéristique d’employer la langue d’une manière méchante et injurieuse — trait qui pourrait persister chez ceux qui se convertiraient au christianisme. En exhortant les convertis dispersés à être lents à parler, Jacques nous rappelle de nouveau, par ses paroles, les Proverbes et l’Ecclésiaste : c’est « la voix de l’insensé », dit l’Ecclésiaste (5: 2), « qui se fait entendre dans la multitude des paroles », et les Proverbes nous précautionnent :

 

« Celui qui veille sur sa bouche garde son âme ; Celui qui ouvre de grandes lèvres court à sa perte... Celui qui retient ses paroles connaît la science, Et celui qui a l’esprit calme est un homme intelligent » (Proverbes 13: 3 ; 17: 27).

 

« L’esprit calme » : voilà une qualité très souhaitable mais très rare, même parmi les enfants de Dieu. C’est l’esprit qui jouit de « la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence » (Philippiens 4: 7). C’est l’homme seul possédant un tel esprit qui sache vraiment vieillir sur sa bouche, qui sache vraiment retenir ses paroles ; un tel homme est nécessairement « lent à parler » ; il est aussi « lent à se mettre en colère » — les deux traits sont étroitement liés dans la pensée de Jacques.

 

La colère peut être une vertu : « Dieu s’irrite en tout temps » contre les méchants (Psaume 7: 7, 10) ; bientôt Il manifestera sa colère et sa fureur « aux yeux de la multitude des nations » (Ézéchiel 38: 18-23). Jésus a parlé plusieurs fois aux Pharisiens « avec indignation » (voir, par exemple, Marc 3: 5), Mais chez les hommes la colère est généralement l’expression d’une malice charnelle, plutôt que d’une indignation juste. Paul juxtapose nettement les deux sortes de colère dans quelques versets très intéressants de sa lettre aux Colossiens :

 

« Faites donc mourir ce qui, dans vos membres, est terrestre... C’est à cause de ces choses que la colère de Dieu vient sur les fils de la rébellion ; c’est ainsi que vous marchiez autrefois, lorsque vous viviez dans ces péchés. Mais maintenant, renoncez à toutes ces choses, à la colère, à l’animosité, à la méchanceté, à la calomnie, aux paroles équivoques qui pourraient sortir de votre bouche » (Colossiens 3: 5-8).

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L’exhortation de Jacques au sujet de la colère s’applique à ses auditeurs avec tout autant de force que son avis contre le mauvais emploi de la langue : car les Juifs cédaient habituellement à la colère ; ils croyaient même faire la volonté de Dieu en montrant de la colère et de la violence contre ce qui leur semblait erreur ou péché. Remarquons, à ce propos, les paroles de Jacques et de Jean, fils de Zébédée, à propos des Samaritains qui n’avaient pas reçu leur Maître : « Seigneur, veux-tu que nous commandions que le feu descende du ciel et les consume ?» (Luc 9: 54). Remarquons aussi la fureur zélée de Saul de Tarse qui respirait « la menace et le meurtre contre les disciples du Seigneur » (Actes 9: 1). Le commandement de Jacques aux Juifs convertis de la dispersion, d’être « lents à se mettre en colère », nous rappelle de nouveau quelques paroles de l’Ecclésiaste (7: 9) :

 

« Ne te hâte pas en ton esprit de t’irriter, car l’irritation repose dans le sein des insensés ».

 

« Que tout homme soit... lent à se mettre en colère ; car la colère de l’homme n ‘accomplit pas la justice de Dieu » : antithèse frappante qui fait ressortir le vif contraste entre la pensée pécheresse de l’homme charnel et la justice propre à Dieu. La justice de Dieu, c’est d’abord celle qui fait essentiellement partie de la nature de Dieu Lui-même. Mais Dieu nous a appelés pour que nous devenions enfin participants de cette même nature, de cette même justice. Certes, c’est par la grâce de Dieu que nous héritons la nature divine : ce sont « ceux qui reçoivent l’abondance de la grâce et du don de la justice » qui régneront dans la vie — car la vie éternelle et la justice qui l’accompagne, sont « le don gratuit de Dieu » (Romains 5: 17 ; 6: 23). Il faut dire que nous recevons ce don seulement si nous essayons, dès maintenant, de développer en nous-mêmes, dans la mesure du possible, les traits caractéristiques de la justice que nous voulons hériter ; et la colère de l’homme, la colère charnelle, n’est pas du nombre de ces qualités ; ainsi, elle « n’accomplit pas la justice de Dieu » — elle sert simplement à gêner en nous le développement des qualités divines.

 

« Désirez... le lait spirituel et pur, afin que par lui vous croissiez pour le salut » — voici ce qu’a dit Jacques, en faisant emploi d’une métaphore différente :

 

« Recevez avec douceur la parole qui a été plantée en vous, et qui peut sauver vos âmes » (Jacques 1: 21).

 

La figure qu’emploie Jacques nous rappelle la parabole du semeur : c’est par la parole de vérité, semée dans un cœur honnête et bon (Luc 8: 15), que l’enfant de Dieu est engendré ; ce n’est qu’en recevant cette parole dans le cœur, en la retenant, en nous soumettant à ses influences, que nous pouvons être sauvés. Et il faut la recevoir « avec douceur » — car ce sont les débonnaires et les humbles qui hériteront la terre :

 

« Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera point » (Matthieu 5: 5 ; Marc 10: 15).

 

Dans l’argument de Jacques il y a une étroite liaison entre la thèse des versets 13-18 et celle des versets 19-25, liaison qui ressort avec force si nous relevons dans ces versets quelques phrases fort significatives : « Il nous a engendrés... par la parole de vérité... Recevez avec douceur la parole qui a été plantée en vous... Mettez en pratique la parole, et ne vous bornez pas à l’e’couter » (versets 18, 21, 22). Ce qui nous a engendrés, il faut la recevoir avec douceur ; et ce que nous recevons, il faut la mettre en pratique.

 

Dans les versets 22-25 Jacques tient à souligner le nécessité de mettre en pratique la parole. Il revient à cette même idée dans le chapitre 2 (versets 14-26), où il démontre qu’une profession de foi sans œuvres est stérile. Remarquons maintenant, dans le verset 22 du premier chapitre, un nouvel écho du sermon sur la montagne. « Mettez en pratique la parole », dit Jacques, « et ne vous bornez pas à l’écouter », dit Jésus (Matthieu 7: 24-27) :

 

« Quiconque entend ces paroles que je dis et les met en pratique, sera semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc... Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les met pas en pratique, sera semblable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable ».

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Oublier la nécessité absolu de la pratique, dit Jacques, c’est se tromper « par de faux raisonnements » (1: 22) ; et il pousse à bout la leçon en l’illustrant, à la manière de Jésus, par une similitude (versets 23-25) :

 

« Si quelqu’un écoute la parole et ne la met pas en pratique, il est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel, et qui, après s’être regardé, s’en va, et oublie aussitôt comment il était. Mais celui qui aura plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui aura persévéré, n’étant pas un auditeur oublieux, mais se mettant à l’œuvre, celui-là sera heureux dans son activité ».

 

Un homme ne peut voir son visage naturel qu’à l’aide de quelque instrument, tel un miroir, qui reflète le visage ; de même, l’homme ne peut voir sa nature réelle qu’en la regardant dans la parole de Dieu — « la loi parfaite, la loi de liberté ». Mais on peut se regarder dans ce miroir qu’est la Parole de Dieu de deux façons très différentes : d’abord, on peut se regarder, s’en aller, et oublier ce que l’on est ; ou bien, on peut plonger les regards dans ce miroir et, voyant qu’on est pécheur et condamné à mort, on peut persévérer et s’évertuer pour devenir héritier de la justice divine et de la vie éternelle. C’est cette deuxième façon de regarder qui seule est profitable.

 

Le miroir, c’est « la loi parfaite » — car c’est la parole de Dieu dont le Psalmiste écrit : « La loi de l’Éternel est parfaite, elle restaure l’âme » ; il s’ensuit que ce soit aussi « la loi de la liberté », car elle restaure l’âme ; elle est la parole de vérité dont Jésus dit :

 

« Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira » (Jean 8: 31, 32).

 

Par cette parole nous sommes libérés de l’esclavage du péché et de la mort.

 

De l’homme qui mettra en pratique la parole, qui « aura persévéré, n’étant pas un auditeur oublieux, mais se mettant à l’œuvre », Jacques écrit : « Celui-là sera heureux dans son activité » — heureux, parce que cette activité, c’est le prélude essentiel du salut de son âme.

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6 La religion pure et sans tache (1: 26, 27)

 

Dans les versets 2 à 25 du premier chapitre de son épître Jacques soutient une seule thèse qu’il conclut en insistant sur la nécessité de mettre en pratique la parole de Dieu :

 

« Celui qui aura plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui aura persévéré... se mettant à l’œuvre, celui-là sera heureux dans son activité » (Jacques 1: 25).

 

Dans le reste de son épître Jacques parle d’une manière plus détaillée de la pratique de la vie chrétienne.

 

En passant, dans les versets 26 et 27, à une considération de quelques-unes des œuvres de l’Esprit, Jacques fait usage des mots de « religieux » et de « religion ». Dans le grec ces mots indiquent, non la piété, non une disposition pour les sentiments religieux, mais l’observation exacte et scrupuleuse des pratiques extérieures, des rites et des cérémonies. Paul emploie un mot de la même origine lorsqu’il met les Colossiens (2: 18) en garde contre le « culte des anges ». Les Juifs regardaient comme religieux l’homme qui faisait très attention aux rites et aux grandes fêtes de la loi de Moïse, et qui évitait les souillures rituelles. Ils se préoccupaient tant de ces pratiques qu’ils négligeaient ce qui était plus important dans la loi — la justice, la miséricorde et la fidélité (Matthieu 23: 23) — et qu’enfin ils n’ont pas reconnu leur Messie et leur Sauveur. C’est dans l’Évangile selon Jean que nous voyons peut-être le plus nettement l’inconséquence ironique de leur attitude :

 

« Ils conduisirent Jésus de chez Caiphe au prétoire : c’était le matin. Ils n’entrèrent point eux-mêmes dans le prétoire, afin de ne pas se souiller, et de pouvoir manger la Pâque » (Jean 18: 28).

 

Au moment, en effet, où ils allaient se souiller de façon flagrante avec le sang de leur Messie, ils ne se préoccupaient que d’une souillure rituelle et technique. Telle était leur idée d’une religion pure et sans tache.

 

Il est évident que les Juifs convertis de la dispersion pourraient bien persister dans une telle idée, même après le baptême. Mais déjà Jacques a insisté (versets 14,15) que ce qui souille vraiment l’homme, c’est ce qui sort de l’homme. Car, comme l’a dit Jésus,

 

« c’est du dedans, c’est du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les débauches, les meurtres, les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans, et souillent l’homme » (Marc 7: 21-23).

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Jésus a condamné les pharisiens qui nettoyaient le dehors de la coupe et du plat tandis que leur intérieur était « plein de rapine et de méchanceté » (Luc 11: 39). Ainsi la religion pure et sans tache devant Dieu — c’est-à-dire une vraie mise en pratique de sa foi — consiste à renoncer à ces véritables souillures qui sortent de nos cœurs, et à manifester dans notre vie les œuvres de l’Esprit, telles que la miséricorde, l’humilité et la justice. En effet, Jacques veut dans ces versets rappeler au souvenir de ses auditeurs l’instruction de Michée (6: 5-8) :

 

« Avec quoi me présenterai-je devant l’Éternel,

Pour m’humilier devant le Dieu Très-Haut ?

Me présenterai-je avec des holocaustes,

Avec des veaux d’un an ?

L’Éternel agréera-t-il des milliers de béliers,

Des myriades de torrents d’huile ?

Donnerai-je pour mes transgressions mon premier-né,

Pour le péché de mon âme le fruit de mes entrailles ?

On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien ;

Et ce que l’Éternel demande de toi,

C’est que tu pratiques la justice,

Que tu aimes la miséricorde,

Et que tu marches humblement avec ton Dieu ».

 

Et d’abord, dit Jacques,

 

« Si quelqu’un croit être religieux, sans tenir sa langue en bride, mais en trompant son cœur, la religion de cet homme est vaine » (1: 26).

 

Nous avons noté dans notre chapitre précédent que Jacques traite beaucoup des mauvais usages de la langue, de la nécessité de la tenir en bride — chose tout à fait naturelle, eu égard à l’habitude des Juifs (et, par conséquent, probablement de ses auditeurs) d’employer la langue d’une manière injurieuse. Devant Dieu un tel emploi de la langue souille véritablement la vie de l’homme :

 

« La langue... c’est le monde de l’iniquité. La langue est placée parmi nos membres, souillant tout le corps, et enflammant le cours de la vie, étant elle-même enflammée par la géhenne » (3:6).

 

La religion pure et sans tache demande, donc, que nous tenions en bride un membre tellement dangereux.

 

Constatons, en passant, que Jacques se rend bien compte de la facilité avec laquelle l’homme peut se tromper à propos de son état spirituel. Nous pouvons nous tromper en attribuant à Dieu la responsabilité de nos péchés:

 

« Ne vous y trompez pas... toute grâce excellente et tout don par fait descendent d’en haut » (versets 16, 17) ;

 

nous nous trompons « par de faux raisonnements » (verset 22) si nous nous bornons à écouter la parole, ne la mettant jamais en pratique ; et de même nous nous trompons si nous croyons être religieux « sans tenir la langue en bride » (verset 26). L’homme peut en vérité se tromper très facilement ; mais ce qu’il doit toujours reconnaître, c’est que l’on ne saurait tromper Dieu :

 

« Ne vous y trompez pas : on ne se moque pas de Dieu. Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi » (Galates 6:7).

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Jérémie dit (17:9, 10) :

 

« Le cœur est tortueux par-dessus tout, et il est méchant :

Qui peut le connaître ?

Moi, l’Eternel, j’éprouve le cœur, je sonde les reins,

Pour rendre à chacun selon ses voies,

Selon le fruit de ses œuvres » .

 

« La religon pure et sans tache, devant Dieu notre Père, consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leur affliction » (Jacques 1: 27).

 

L’Écriture évoque l’orphelin et la veuve comme les exemples extrêmes de besoin et d’affliction. Job, en se défendant contre les critiques de ses trois amis, a dit (29: 12, 13) :

 

« ... je sauvais le pauvre qui implorait du secours,

El l’orphelin qui manquait d’appui.

La bénédiction du malheureux venait sur moi ;

Je remplissais de joie le cœur de la veuve ».

 

Et plus tard (31: 16, 17, 21, 22) :

 

« Si j’ai refusé aux pauvres ce qu’ils demandaient,

Si j’ai fait languir les yeux de la veuve,

Si j’ai mangé seul mon pain,

Sans que l’orphelin en ait eu sa part...

Si j’ai levé la main contre l’orphelin,

Parce que je me sentais un appui dans les juges ;

Que mon épaule se détache de sa jointure,

Que mon bras tombe et qu’il se brise ! ».

 

Il incombe donc à celui qui professe une religion pure et sans tache de visiter ceux qui sont affligés, comme les orphelins et les veuves.

 

Le mot de « visiter » signifie dans le grec beaucoup plus qu’une simple visite — il indique une visite et une surveillance inspirées d’une vraie sollicitude. C’est le mot qu’emploie Luc en faisant allusion (Luc 1: 68, 78 ; 7: 16) à la naissance et au ministère de Jésus : Dieu avait « visité son peuple » en leur envoyant Son Fils unique pour les sauver de leurs péchés (voir Matthieu 1:21); Il avait visité Son peuple, comme l’a dit Zacharie, pour les racheter. Cette visite a témoigné donc de l’intérêt, de la sympathie et de l’amour de Dieu pour le monde. Et lorsque Jacques nous exhorte à visiter les orphelins et les veuves il veut dire que nous devons nous intéresser vivement à la nécessité de nos frères et sœurs, que nous devons les aider sympathiquement dans leurs afflictions. C’est un principe déjà établi par Jésus (Matthieu 25: 31-46) : aux justes qu’il recevra dans son royaume, il dira :

 

« Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde. Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ; j’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais malade, et vous m’avez rendu visite ; j’étais en prison, et vous êtes venus vers moi... Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites »,

 

Paul écrit (Galates 6: 2) :

 

« Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi de Christ ».

 

« La religion pure et sans tache, devant Dieu notre Père, consiste à... se préserver des souillures du monde » (Jacques 1: 27).

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La difficulté essentielle de la vie chrétienne, c’est de cultiver les fruits de l’Esprit dans un corps qui reste humain et pécheur, et qui, d’ailleurs, habite un monde presque entièrement abandonné à l’accomplissement des convoitises de la chair — un monde dont les habitants d’une génération passée

 

« mangeaient, buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche; le déluge vint, et les fit tous périr » (Luc 17:27).

 

Il se peut bien, comme nous l’avons déjà noté, que les Juifs convertis de la dispersion aient persisté à se préoccuper des souillures rituelles. Jacques leur écrit que le chrétien devrait s’inquiéter plutôt des souillures qui proviennent de son intimité avec le monde.

 

On ne peut pas éviter absolument tout contact avec le monde : Paul écrit aux Corinthiens (1 Corinthiens 5: 9, 10) :

 

« Je vous ai écrit dans ma lettre de ne pas avoir de relations avec les débauchés, non pas d’une manière absolue avec les débauchés de ce monde, ou avec les cupides et les ravisseurs, ou avec les idolâtres ; autrement il vous faudrait sortir du monde ».

 

Mais ce qui est nécessaire, c’est que nous reconnaissions qu’entre les voies de Dieu et les voies de ce monde il y a un grand abîme ; c’est qu’il faut proclamer, tant par nos paroles que par nos actions, les voies de Dieu ; il faut refuser absolument de nous allier aux idées et à la pratique du monde. A Timothée (1 Timothée 5: 22) Paul a écrit :

 

« Ne participe pas aux péchés d’autrui ; toi-même conserve-toi pur » ;

 

et aux Romains :

 

« Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait » (Romains 12: 2).

 

Avant son arrestation, Jésus a fait cette prière pour ses disciples :

 

« Je leur ai donné ta parole ; et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du mal. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Sanctifie-les par ta vérité: ta parole est la vérité » (Jean 17: 14-17).

 

Et Jacques revient à cette thèse avec encore plus de force dans le chapitre 4 de son épître (au verset 4) :

 

« Adultères que vous êtes ! ne savez-vous pas que l’amour du monde est inimitié contre Dieu ? Celui donc qui veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu ».

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7 L’acception de personnes (2: 1-7)

 

Nous passons maintenant à la considération d’un autre aspect de la pratique de la vie chrétienne. En l’introduisant, Jacques fait usage de l’expression « Mes frères » — expression qui s’emploie comme mode d’adresse quinze fois dans cette épître, c’est-à-dire plus souvent que dans toute autre épître du Nouveau Testament, excepté 1 Corinthiens, qui est beaucoup plus longue. Cette locution est fort à propos dans cette épître, eu égard au grand nombre d’exhortations qui y préconisent l’amour fraternel. Souvent, comme dans ces versets, l’expression introduit immédiatement une exhortation telle que celle-ci :

 

« Mes frères, que votre foi en notre glorieux Seigneur Jésus-Christ soit exemple de toute acception de personnes » (Éd. de Genève, 1979: « de tout favoritisme ») (Jacques 2: 1).

 

Pour « en notre glorieux Seigneur Jésus-Christ » il faut lire : « en notre Seigneur Jésus-Christ, en [celui qui est] la Gloire». Ésaïe, prophétisant l’avènement de Jésus, dit (40: 5) :

 

« Alors la gloire de l’Éternel sera révélée,

Et au même instant toute chair la verra ».

 

Jean dit :

 

« Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père » (Jean 1: 14).

 

Dans le temple Siméon a décrit l’enfant Jésus :

 

« Lumière pour éclairer les nations,

Et gloire d’Israël, ton peuple » (Luc 2: 32).

 

Paul parle de Dieu comme du « Père de gloire » (Éphésiens 1: 17), et Pierre écrit (1 Pierre 4: 14):

 

« Si vous êtes outragés pour le nom de Christ, vous êtes heureux, parce que l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur vous ».

 

De la nouvelle Jérusalem, Jean dit :

 

« La ville n’a besoin ni du soleil ni de la lune pour l’éclairer ; car la gloire de Dieu l’éclairé, et l’Agneau est son flambeau » (Apocalypse 21: 23).

 

Jésus est le Chemin, il est la Vérité, il est la Vie ; et de plus il est la Gloire, car en lui est manifestée la gloire de son Père. Il est bien évident que les disciples du premier siècle faisaient allusion à Jésus sous plusieurs noms : il était le Seigneur, le Christ, le Sauveur ; il était aussi la Gloire.

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Notre foi en Jésus devrait donc être exempte de toute acception de personnes ; car devant celui qui est « la Gloire », en qui est manifestée la gloire de Dieu Lui-même, que signifient les distinctions extérieures de race et de situation sociale ?

 

« Dieu ne fait point acception de personnes (favoritisme) »,

 

dit Pierre,

 

« mais […] en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice lui est agréable » (Actes 10: 34) ; (voir aussi Romains 2: 11 ; Éphésiens 6: 9).

 

Et même les ennemis de Jésus reconnaissaient qu’en ceci il ressemblait à Dieu :

 

les pharisiens et les hérodiens vinrent lui dire :

 

« Maître, nous savons que tu es vrai, et que tu ne t’inquiètes de personne ; car tu ne regardes pas à l’apparence des hommes » (Marc 12: 14).

 

L’homme regarde souvent à ce qui frappe les yeux, mais l’Éternel regarde au cœur. Faire acception de personnes c’est regarder à la condition extérieure plutôt qu’au mérite essentiel.

 

Jésus a souvent condamné l’attitude des scribes et des pharisiens à cet égard:

 

« Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes. Ainsi, ils portent de larges phylactères, et ils ont de longues franges à leurs vêtements ; ils aiment la première place dans les festins, et les premiers sièges dans les synagogues ; ils aiment à être salués dans les places publiques, et à être appelés par les hommes Rabbi, Rabbi » (Matthieu 23:5-7).

 

« Ils aiment [...] les premiers sièges dans les synagogues » — voilà l’idée que Jacques va développer dans les versets 2 à 4 :

 

« Supposez, en effet, qu’il entre dans votre assemblée un homme avec un anneau d’or et un habit magnifique, et qu’il y entre aussi un pauvre misérablement vêtu ; si, tournant vos regards vers celui qui porte l’habit magnifique, vous lui dites : Toi, assieds-toi ici à cette place d’honneur ! et si vous dites au pauvre : Toi, tiens-toi là debout ! ou bien : Assieds-toi au-dessous de mon marchepied ! ne faites-vous pas en vous-mêmes une distinction, et n’êtes-vous pas des juges aux pensées mauvaises ?»

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De nouveau nous remarquons que la faute flétrie par Jacques c’est une faute propre aux Juifs comme peuple, faute dans laquelle ils pourraient bien persister dans leur nouvelle vie de chrétiens. En se préoccupant des souillures extérieures plutôt que des souillures essentielles, ses auditeurs pourraient bien mépriser le pauvre qui se présentait dans leur synagogue « misérablement vêtu ». Mais en agissant ainsi ils faisaient en eux-mêmes une distinction ; ils manifestaient ces doutes, cette irrésolution, cette inconstance que Jacques a déjà flétris si rigoureusement (1: 6-7). Ils essayaient, en effet, d’adorer la gloire de Dieu manifestée en Jésus en même temps qu’ils adoraient la gloire fugitive des richesses humaines. Mais,

 

« Nul ne peut servir deux maîtres... Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon » (Matthieu 6: 24).

 

Notons, en passant, que dans le grec le mot d’assemblée signifie synagogue. En général les apôtres emploient le mot d’ecclésia pour indiquer l’ensemble des disciples et aussi pour indiquer l’endroit où ils se réunissaient pour adorer Dieu ; mais Jacques, tout en employant ecclésia pour indiquer la réunion des disciples (voir 5: 14 — « église »), fait usage de synagogue pour qualifier le lieu d’assemblée. Cet usage indique l’origine juive de ses auditeurs et aussi, probablement, la date primitive de l’épître.

 

En faisant des distinctions entre les riches et les pauvres, dit Jacques, ses auditeurs se constituaient des juges ; ils oubliaient qu’

 

« un seul est législateur et juge, c’est celui qui peut sauver et perdre » (4: 12) ;

 

ainsi ils s’arrogeaient à eux-mêmes une fonction réservée à Dieu seul. Ils étaient doublement condamnés parce que la base de leur jugement était charnelle: ils jugeaient sous l’inspiration de « pensées mauvaises »; et, de plus, comme Jacques va maintenant le leur démontrer, par leur attitude ils couraient le risque de lutter contre Dieu.

 

« Écoutez, mes frères bien-aimés : Dieu n’a-t-il pas choisi les pauvres aux yeux du monde, pour qu’ils soient riches en la foi, et héritiers du royaume qu’il a promis à ceux qu’il aime ? » (Jacques 2: 5).

 

La pensée de Jacques ressemble beaucoup à celle de Paul dans 1 Corinthiens (1: 27-29) :

 

« Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages ; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes ; et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu’on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire à néant celles qui sont, afin que personne ne se glorifie devant Dieu ».

 

Ce n’est point aux richesses de ce monde que Dieu attache du prix, mais plutôt à une richesse de foi. C’est à l’homme seul qui sache demander « avec foi, sans douter » que Dieu donnera la sagesse divine (1:6) sans laquelle nul ne peut entrer dans la vie ; ce sont de tels hommes seuls qui seront « héritiers du royaume qu’il a promis à ceux qui l’aiment ». Ici Jacques répète une expression qu’il a déjà employée dans le verset 12 du premier chapitre ; et, comme dans ce verset-là, il fait allusion à une promesse formelle du Seigneur :

 

« Heureux vous qui êtes pauvres, car le royaume de Dieu est à vous » (Luc 6: 20) ; (voir aussi Matthieu 5: 3, 10 ; Luc 12: 31, 32).

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Dans ce verset c’est de la promesse du royaume que Jacques fait mention ; dans 1: 12 c’est la promesse de la vie ; et ces deux promesses constituent le fond de l’espoir chrétien — espoir de la vie éternelle dans le royaume de Dieu.

 

« Dieu n’a-t-il pas choisi les pauvres...? Et vous, vous avilissez le pauvre » (Jacques 2: 6).

 

En faisant acception de personnes, en regardant au riche tout en méprisant le pauvre, on s’oppose aux desseins et aux voies de Dieu Lui-même. Ainsi on mérite bien la condamnation du proverbe (Proverbes 14: 20, 21) :

 

« Le pauvre est odieux même à son ami,

Mais les amis du riche sont nombreux.

Celui qui méprise son prochain commet un péché,

Mais heureux celui qui a pitié des misérables ! »

 

Les disciples auxquels écrivait Jacques devaient éviter toute acception de personnes et ne pas honorer excessivement les riches, et ceci pour une autre raison :

 

« N’est-ce pas les riches (comme classe) qui vous oppriment, et qui vous traînent devant les tribunaux ? N’est-ce pas eux qui outragent le beau nom que vous portez ? » (Jacques 2: 6, 7).

 

Dans les Actes nous voyons que les Juifs qui devenaient disciples de Christ étaient souvent persécutés par ceux qui ne croyaient pas, et surtout par la haute classe et par les anciens (voir, par exemple, Actes 4: 1-6 ; 5: 17 ; 13: 50). Souvent on les traînait devant les tribunaux et, à l’instar de Saul de Tarse, les jetait en prison (Actes 8: 3 ; 9: 1, 2, 13, 14). Et fort souvent les Juifs incroyants se livraient à des injures (Actes 13: 45 ; 18: 6 ; 1 Timothée l: 13 ; voir aussi Actes 26: 11).

 

« Le beau nom que vous portez » — On ferait mieux de traduire cette dernière expression par « qui a été invoqué sur vous ». Le beau nom de Dieu tut plusieurs fois invoqué sur le peuple d’Israël, et toujours l’action indiquait la consécration du peuple au service de Dieu (voir, par exemple, Deutéronome 28: 10 ; 2 Chroniques 7 : 14 ; Jérémie 14: 9). Amos prédit le jour où le beau nom sera invoqué sur les païens (9: 12), en faisant allusion à « toutes les nations sur lesquelles mon nom a été invoqué ».

 

Il est bien significatif que cette expression ne se trouve que deux fois dans le Nouveau Testament : une fois dans ce verset même de l’épître de Jacques, et l’autre fois dans le discours de Jacques dans Actes 15 où il cite Amos 9: 12, rapportant ce dernier passage à l’appel des païens (versets 14-18). — Nouvelle petite concordance qui nous aide à identifier l’auteur de l’épître avec « Jacques, le frère du Seigneur » dont il est question dans Actes 15.

 

Le beau nom qu’outrageaient les Juifs riches et incroyants était donc le nom de Jésus-Christ, qui est invoqué sur chacun de ses disciples au moment où il se consacre au service de son Maître par le baptême (voir Actes 2: 38 ; 8: 16 ; 10: 48).

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8 La Loi Royale (2: 8-13)

 

Entre la thèse des versets 1-7 et celle des versets 8-13 de Jacques 2 il y a un lien étroit que l’on n’aperçoit pourtant qu’avec difficulté ; dans le grec cette liaison est indiquée par le mot de mentoi au commencement du verset 8, mot que Segond ne traduit pas et qui veut dire cependant. En effet, Jacques suppose que quelques-uns de ses auditeurs aillent justifier leur respect pour les riches en disant que la parole de Dieu leur ordonnait d’aimer leurs prochains (y compris les riches) comme eux-mêmes :

 

« Si, (cependant), vous accomplissez la loi royale, selon l’Écriture : Tu aimeras ton prochain comme toi-même, vous faites bien » (Jacques 2: 8).

 

« La loi royale » : beaucoup des règlements de la loi de Moïse ne possédaient qu’une signification passagère, mais certains des commandements faisaient partie de la loi permanente qui règle les relations entre l’homme et Dieu. C’est à cette loi-ci que Jacques fait allusion comme à « la loi royale » — royale d’abord parce qu’elle provient de Celui qui est le « bienheureux et seul souverain, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs » (1 Timothée 6: 15), et qui nous a appelés à être pour Lui « une nation sainte, un peuple acquis » (1 Pierre 2: 9) ; royale aussi parce que cette loi a été adoptée et confirmée, comme base de son évangile, par Jésus — par ce même Jésus que Dieu a choisi pour être le roi du royaume dont Jacques vient de parler dans le verset 5.

 

L’un des commandements les plus importants de cette loi royale se trouve dans Lévitique 19: 18 :

 

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

 

Jésus parle de ce commandement (Matthieu 22: 39) comme du second des deux plus grands commandements de la loi. « Si, en montrant du respect pour les riches, vous tenez vraiment à accomplir un commandement important de la loi royale, dit Jacques à ses auditeurs, très bien ! » (On sent ici un peu d’ironie.) — « Très bien ! », mais il faut remarquer, dit Jacques, que ce commandement s’applique tout autant aux pauvres qu’aux riches ; on ne doit pas faire des distinctions en l’accomplissant ; on ne doit pas l’accomplir à l’égard des riches tout en méconnaissant les pauvres ! Agir comme cela, c’est faire acception de personnes ; et :

 

« Si vous faites du favoritisme, vous commettez un péché, vous êtes condamnés par la loi comme des transgresseurs » (verset 9).

 

La loi royale qui exige l’amour de son prochain dans Lévitique 19: 18 condamne dans le verset 15 du même chapitre toute acception de personnes, comme contraire à la nature et aux voies de Dieu :

 

« Tu ne commettras point d’iniquité dans tes jugements : tu n’auras point égard à la personne du pauvre, et tu ne favoriseras point la personne du grand, mais tu jugeras ton prochain selon la justice ».

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Jacques déclare, et avec raison, que

 

« Quiconque observe toute la loi, mais pèche contre un seul commandement, devient coupable de tous » (verset 10) ;

 

il démontre cette vérité en citant deux autres commandements de la loi royale :

 

« En effet, celui qui a dit : tu ne commettras point d’adultère, a dit aussi : lu ne tueras point. Or, si tu ne commets point d’adultère, mais que tu commettes un meurtre, tu deviens transgresseur de la loi » (verset 11).

 

De même, si nous faisons profession d’aimer notre prochain, tout en faisant acception de personnes, nous devenons de ce fait transgresseurs de la loi — la loi royale.

 

On peut noter en passant que l’expression « vous faites bien » ou « très bien » du verset 8 se trouve aussi dans le grec d’Actes 15: 29 (« vous trouverez bien ») — c’est-à-dire dans la lettre envoyée aux frères d’entre les païens, et rédigée tout probablement par Jacques, « le frère du Seigneur ».

 

Jacques termine sa thèse sur l’acception de personnes en rappelant au souvenir de ses auditeurs (versets 12 et 13) qu’ils allaient comparaître tous un jour devant le tribunal de Dieu (voir Rom. 14: 10 ; 2 Cor. 5: 10). Dans ce jour-là ils seraient tous jugés selon la loi royale, la loi de la liberté (voir 1: 25 et nos remarques là-dessus) ; il fallait donc parler et agir comme l’exigeait cette loi (verset 12), il fallait éviter toute acception de personnes. L’insistance de Jacques sur l’importance de s œuvres et des paroles est tout à fait caractéristique de sa lettre, et nous rappelle de nouveau les paroles de Jésus (Matt. 7: 21 ; 12: 36,37) :

 

« Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n’entreront pas tous dans le royaume des deux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les deux » ;

 

« Je vous le dis : au jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine qu’ils auront proférée. Car par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu seras condamné ».

 

Dans ses relations avec la race humaine, Dieu se manifeste surtout comme un Dieu miséricordieux et plein de grâce : Il est

 

« L’Éternel, l’Éternel, Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité » (Exode 34: 6).

 

C’est dans Sa miséricorde qu’Il nous a donné un Sauveur ; c’est dans Sa miséricorde qu’Il nous jugera « au jour du jugement » — mais à condition que nous nous montrions miséricordieux à notre tour :

 

« Avec celui qui est bon tu te montres bon » (Ps. 18: 26) ;

 

« Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ! » (Matthieu 5: 7).

 

Dans la parabole du serviteur impitoyable, nous apprenons le destin de l’homme qui ne se montre pas miséricordieux (voir Matthieu 18: 23-35). Or, faire acception de personnes, c’est le contraire de se montrer miséricordieux envers son prochain ; en effet, c’est l’homme qui vient parmi nous « misérablement vêtu » qui a surtout besoin de notre aide et de notre bonté.

 

« Parlez et agissez comme devant être jugés par une loi de liberté, car le jugement est sans miséricorde pour qui n’a pas fait miséricorde » (Jacques 2: 12, 13).

 

Mais, d’autre part :

 

« La miséricorde triomphe du jugement » (verset 13),

 

c’est-à-dire, du jugement non favorable et qui est condamnation. Dieu préfère toujours manifester Sa bonté plutôt que Sa colère: et pour ceux qui auront fait preuve de miséricorde la miséricorde de Dieu triomphera du jugement.

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9 La Foi et les Œuvres (2: 14-26)

 

Dans les versets 2-25 du premier chapitre de sa lettre, Jacques soutient une thèse continue qui se termine par une forte insistance sur la nécessité de mettre en pratique la parole. Dans les versets suivants, jusqu’au verset 13 du deuxième chapitre, il traite de certaines œuvres qui sont le fruit d’obéissance à la parole. La considération de ces œuvres est reprise dans le chapitre 3 ; mais les versets 14-26 du deuxième chapitre constituent en quelque sorte une parenthèse dans laquelle Jacques insiste de nouveau sur l’importance, déjà démontrée dans le premier chapitre, de mettre en pratique la parole. Il y a néanmoins une liaison étroite entre la pensée de ces versets et celle des versets précédents, et Jacques est poussé sans doute à cette nouvelle insistance sur les œuvres en conséquence de ses réflexions dans les versets 1-13 sur l’avilissement des pauvres et sur la miséricorde qui seule peut triompher du jugement.

 

Lorsque les Juifs retournaient en Palestine après leur exil en Babylone, ils étaient tout à fait guéris du culte des idoles, raison pour laquelle Dieu leur avait infligé l’exil ; mais ils tombaient vite dans l’autre erreur d’un orgueil arrogant à cause de leur religion monothéiste et distinctive. Ils se glorifiaient de ce qu’ils étaient fils d’Abraham et leur attachement nominal aux divers articles de la foi de leurs pères suffisait, pensaient-ils, pour les sauver. C’est bien là l’attitude condamnée par Jean-Baptiste (Matthieu 3: 7-10) :

 

« Mais, voyant venir à son baptême beaucoup de pharisiens et de sadducéens, il leur dit : Races de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir ? Produisez donc du fruit digne de la repentance, et ne prétendez pas dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ! Car je vous déclare que de ces pierres-ci Dieu peut susciter des enfants à Abraham. Déjà la cognée est mise à la racine des arbres : tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu ».

 

Voilà aussi l’attitude que condamne Jacques chez les Juifs convertis de la dispersion, c’est-à-dire chez ceux d’entre ces Juifs qui se bornaient à faire profession de leur attachement à leur nouvelle foi chrétienne sans laisser celle-ci produire des œuvres miséricordieuses (2: 14) :

 

« Mes frères, que sert-il à quelqu’un de dire qu’il a la foi, s’il n’a pas les œuvres ? Cette foi (selon le grec : cette foi-là) peut-elle le sauver ? ».

 

Nous avons déjà noté que dans le premier chapitre Jacques emploie souvent le mot de tentation dans deux sens ; constatons maintenant que dans sa lettre le mot de foi s’emploie aussi dans deux sens : en général, chez Jacques comme chez Paul, la foi signifie une croyance absolue et une confiance sans réserve en Dieu et en Ses promesses (voir par exemple 1: 3, 6 ; 2: 1, 5, 22) ; mais dans les versets que nous considérons à présent le mot prend quelquefois une signification beaucoup plus limitée : un homme, semble dire Jacques au verset 14, peut faire profession de sa foi, mais si cette foi ne produit pas de bons fruits elle n’est que l’acceptation intellectuelle de certains dogmes religieux, orthodoxie stérile qui n’a aucune valeur devant Dieu et qui ne peut point nous sauver dans le jugement dont vient de parler Jacques (versets 12, 13). Il se peut bien que Jacques pense ici aux paroles de Jésus dans Matthieu 7: 21 :

 

« Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n’entreront pas tous dans le royaume des deux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les deux »;

 

également dans Matthieu 25: 31-46 (voir surtout versets 34-36, 40-43,45,46) où il décrit les conditions du jugement.

 

« Que sert-il à quelqu’un de dire qu’il a la foi, s’il n’a pas les œuvres ? Cette foi peut-elle le sauver ? ».

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